Les cours ont repris, jeudi 10 octobre 2024 au lycée Sévigné de Tourcoing (Nord). La ministre de l'Éducation nationale, Anne Genetet, a passé plus d'une heure sur place. Elle a apporté un soutien inconditionnel à l'enseignante giflée par une élève après lui avoir demandé de retirer son voile, lundi 7 octobre 2024.
La ministre de l'Éducation nationale est arrivée vers 9 heures, jeudi 10 octobre, alors que les cours venaient de reprendre. Une visite annoncée comme un soutien à l'enseignante et à ses collègues.
"Agresser un professeur, c'est agresser la République"
À la sortie d'une rencontre avec les personnels du lycée, elle a affirmé :"Ce jour-là, la professeure n’a fait que son devoir, rappeler la loi, rappeler une évidence : dans nos écoles, on ne porte pas de signe religieux ostensible".
Ensuite, Anne Genetet a annoncé des mesures, immédiates pour l'établissement : des équipes mobiles de sécurité aussi longtemps que nécessaire, l'arrivée d'assistants d'éducation, la venue des équipes académiques valeurs de la République pour discuter avec les élèves, une nomination sur le poste d'infirmière vacant, dès lundi et un soutien psychologique sur le long terme pour l'enseignante.
La ministre a multiplié les appels aux soutiens : "ce qui s'est passé là, je le dis à tous les français, menacer un professeur c'est menacer la République et tous ses enfants, insulter un professeur c'est menacer la République et tous ses enfants, agresser un professeur c'est agresser la République et tous ses enfants".
Enfin : "Nous devons tous, collectivement, soutenir nos professeurs dans leur accompagnement à nos élèves à leur faire entendre qu'il faut respecter les règles et les lois".
Audience reportée
Mercredi 9 octobre, l'élève qui a giflé l'enseignante était convoquée devant le tribunal de Lille. En garde à vue, elle aurait reconnu les violences, mais pas les menaces. Le procès est reporté au 11 décembre 2024. Dans l’attente de son jugement, la lycéenne en terminale BAC Pro "métiers d’accueil" est placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact avec la victime et de paraître au lycée Sévigné.
Maître Ossama Dahmane, son avocat, a déclaré à l'issue de cette audience écourtée : "C'est une jeune fille qui n'aurait jamais dû faire l'objet d'une comparution immédiate. C'est une procédure pour les personnes qui ont des antécédents judiciaires. Ce n'est pas son cas. Ce dossier mérite de la sérénité et beaucoup de temps", avant de regretter la pression médiatique.
De nombreux journalistes et un public dense était présent. "Je suis désolée des coups", a lâché la jeune femme.
L'avocat de l'enseignante, Maître Eric Cattelin-Denu, a lui expliqué : "On est sur une ITT de 3 jours, elle a des rougeurs au visage, elle est marquée au visage. Elle est marquée aux jambes parce qu'elle a reçu des coups de pied. (...) Elle est particulièrement choquée. C’est pour ça qu'elle n'est pas là aujourd'hui."
À la question de savoir si elle se sent en danger, il a poursuivi : "La question peut se poser, son nom circule sur les réseaux sociaux. C'est inadmissible", il poursuit : "On va regarder les réseaux sociaux et s'il doit y avoir d'autres plaintes, il y aura d'autres plaintes". "Il y a des prises de position, des postures qui sont extrêmement désagréables. Il y a des règles, les règles on doit les respecter. Les enseignants sont là pour faire respecter la laïcité dans les établissements scolaires."
Dégradation des conditions de travail
Les deux jours qui ont suivi l'agression, les professeurs du lycée Sévigné à Tourcoing (Nord) n'ont pas fait cours et se sont réunis dans l’établissement. Le personnel, réuni en intersyndicale, a exprimé via un communiqué lu devant le lycée, son soutien inconditionnel à leur collègue. Les syndicalistes dénoncent cette nouvelle agression physique envers un professeur, la cinquième, "survenues ces dernières semaines avec des contextes différents". La dernière étant la seule qui portait sur une question de laïcité.
Des élèves aussi se sont rassemblés en soutien à la lycéenne mise en cause, mercredi 9 octobre, en début d'après midi.
"De nombreuses dégradations successives de nos conditions de travail (baisse du nombre d’heures attribuées à notre établissement, postes non pourvus), nous empêchent de prévenir ces difficultés, comme nous l’avions toujours fait avant qu’elles ne se transforment en violence", affirme l’intersyndicale. Puis, elle assure vouloir continuer "à assurer, des enseignements de qualité et à donner le meilleur de nous-mêmes afin de donner le plus bel avenir possible à nos élèves".