Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre une élève se faire lyncher à la sortie du collège Marie-Curie, à Tourcoing, par au moins deux collégiennes. En réaction, une cinquantaine de personnes s'est rassemblée devant l'établissement, mardi 30 mai, pour dénoncer le "harcèlement scolaire". Le rectorat évoque un conflit "entre fratries". Le principal va porter plainte ce mercredi.
Une courte vidéo enflamme les réseaux sociaux et relance le débat sur le harcèlement scolaire, près de quinze jours après le suicide de Lindsay, une collégienne de 13 ans à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).
Dans cette vidéo, on voit une élève du collège Marie Curie, à Tourcoing, se faire violenter par au moins deux autres collégiennes à la sortie de l'établissement et au niveau de l'arrêt de tramway Tourcoing centre. Plusieurs témoins assistent à ces scènes de violence, filmées avec un téléphone portable. L'adolescente reçoit des coups de pieds et de poings au visage. Les faits de cette agression ne sont pas datés.
Vidéo virale et vague d'indignations
La diffusion en ligne de cette vidéo semble remontée au vendredi 26 mai, via une publication sur la page Facebook de Marvin Legrand, avec ce commentaire en entête : "Cette petite fille a besoin de votre aide." Rapidement, le contenu devient viral, avec plus de 6.700 partages. Un autre compte Twitter, Cerfia, va poster la vidéo avec un franc succès, le 30 mai.
Ensuite, la vidéo a été largement relayée sur Twitter, Tik Tok ou encore Instagram. "Comment c’est possible de faire ça sérieux", commente l'internaute Polo sur Twitter. "Je n'en peux plus de voir cela !, s'exclame Kayaa sur le même réseau social. Il faut aller protéger cette jeune fille (sans violence) !" Le député de la 8e circonscription du Nord (Roubaix, Wattrelos), David Guiraud, s'est également ému du sort de la jeune fille, sommant la mairie et le ministre de l'Intérieur d'agir : "qu’attend-il pour protéger cette petite ? Agissez avant le drame !"
Une vague d'indignations qui s'est transformée en chasse aux harceleuses présumées. En effet, des photos de deux jeunes filles ont été publiées sur les réseaux sociaux et citées comme agresseurs supposés. Des informations qui ne sont pas vérifiées pour l'heure.
"Non au harcèlement" : une mobilisation devant le collège
Tout cet emballement en ligne a conduit à une mobilisation de soutien réunissant des élèves, des parents et des motards, devant l'établissement situé au sud de Tourcoing, mardi 30 mai dans l'après-midi. Dans des vidéos publiées sur Snapchat, on peut entendre des chants de soutien tels que : "et pour Shana allez-allez". Et lire sur des pancartes : "non au harcèlement". Une cinquantaine de personnes étaient présentes, selon nos confrères de La Voix du Nord.
Parmi eux, une quinzaine de bikers en blouson de cuir noir du moto club Mohwaks de Harnes, près de Lens, ont fait le déplacement. "On voulait montrer que la jeune fille harcelée n’est pas toute seule, explique Jérôme Charlet, président du club, qui dit soutenir cette cause du harcèlement scolaire depuis plusieurs années. On n'est pas là pour casser des bouches, je le rappelle, mais si ça peut faire réagir quelques personnes." Ce dernier déclare avoir été sollicité par Marvin Legrand pour faire cette action.
Lors de cette mobilisation, "le principal du collège a contacté les forces de police pour assurer aux élèves une sortie de classe dans les meilleures conditions", indique de le rectorat de l'académie de Lille.
Le collège informé d'un "conflit entre élèves et fratries"
Dans un communiqué de presse, ce dernier explique que l'altercation prend sa source dans un conflit entre collégiennes, avant les vacances de printemps. "Les équipes du collège avaient été informées d’un conflit ayant pris naissance au sein de l’établissement, entre deux élèves et leurs fratries respectives, ainsi que de menaces d’agression à la sortie du collège." Et d'ajouter : "les familles en ont été immédiatement averties."
"Lundi 22 mai, des élèves ont informé la vie scolaire d’une possible altercation à la sortie de l’établissement, indique le rectorat. Les équipes ont donc particulièrement accompagné la sortie de classe et les forces de polices ont été prévenues. Pour l'heure, il est difficile de savoir si les scènes de violence filmée sont en lien avec cette journée.
Des sanctions pourraient être prises dans le cadre "d'un conseil de discipline". Aussi "une plainte sera déposée ce jour par le chef d'établissement", indiquait encore le communiqué. "Nous condamnons fermement les actes de violences, dans et hors les murs de nos établissements scolaires", conclut le rectorat.
La mort de Lindsay en toile de fond
Dans toutes les têtes est encore présent le suicide de la jeune Lindsay, le 12 mai dernier. La collégienne de 13 ans, scolarisée en classe de 4ème dans un établissement de Vendin-le-Vieil, s'est donnée la mort à son domicile. Elle était victime de harcèlement à l'école. Cinq personnes, dont quatre mineurs, ont été mis en examen dans ce dossier.
