"Est-ce qu'on attend un Samuel Paty ou un Dominique Bernard ?" : une enseignante menacée de mort pour la troisième fois

En Gironde, au lycée Jean Monnet de Libourne, une professeure a été victime à trois reprises de menaces de mort à caractère raciste. Ce jeudi 14 novembre, des enseignants se sont réunis devant le lycée pour soutenir leur collègue et appeler à plus de protection du corps enseignant et des élèves. Une enquête a été ouverte par le parquet de Libourne.

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"Est-ce qu'on attend le drame ?", glisse une enseignante d'économie gestion, complètement agacée. Devant le lycée Jean Monnet de Libourne, en Gironde, une réunion s'est tenue ce jeudi 14 novembre en fin de matinée. Elle fait suite à la troisième lettre de menace de mort, à caractère raciste, que reçoit une professeure depuis moins d'un an. Quand les enseignants se disent en colère, les élèves confient leur peur et leur incompréhension. 

► Lire aussi : Menaces de mort sur une enseignante : élèves et professeurs une nouvelle fois sous le choc

Pour beaucoup d'enseignants, c'est la goutte de trop. Il y a deux jours, mardi 12 novembre, une professeure de science technologique a reçu une lettre de menace de mort à caractère raciste, sous le pas de sa porte, alors qu'elle donnait cours. Une triste habitude pour l'enseignante, qui en a déjà reçu une en septembre dernier, puis une autre en décembre 2023. Ce jeudi matin, plusieurs enseignants ont fait valoir leur droit de retrait et se sont réunis devant l'établissement. 

On n'est pas rassurés, on ne se sent pas soutenus.

Edwige Robledillo

Enseignante en économie gestion au lycée Jean Monnet

"Est-ce qu'on attend un Samuel Paty ou un Dominique Bernard pour avoir plus de moyens ?", s'interroge Edwige Robledillo, professeure en économie gestion au lycée Jean Monnet. En un an, depuis la réception de la première lettre de menace de mort visant sa collègue, l'enseignante regrette l'absence de moyens mis en œuvre en réponse à ces menaces. "Tant qu'il n'y a pas de sang, il n'y a pas de moyens", renchérit-elle.

Pourtant, les professeurs formulent leurs demandes : "on veut être informés, on veut que les forces de l'ordre restent plus longtemps autour du lycée, on veut davantage de surveillants et de moyens dans cette enquête", liste Edwige Robledillo. Elle regrette de ne pas avoir plus de pistes concernant l'auteur des menaces de mort. "Cela peut provenir d'un adulte, comme d'un élève", pense-t-elle. Et précise : "certains étudiants ont déjà tenu des propos racistes, leurs noms sont connus de la direction."

Cette réunion de ce jeudi matin est aussi placée sous le signe de la solidarité face à cette collègue qui a tenu à être présente, malgré les attaques anonymes qu'elle reçoit depuis un an. "On est admiratif devant notre collègue, qui vient quand même travailler malgré tout ce qu’elle subit", confie Fred Bardy, représentant syndicat CGT et enseignant au sein de l'établissement.

Peur et incompréhension

Chez les élèves, l'inquiétude domine. "Ça fait peur de savoir qu’une professeure a été menacée trois fois dans ce même lycée, sûrement par un même élève, indique une lycéenne. Trois, ça fait quand même beaucoup, et elle n’a rien demandé. C’est inquiétant." De son côté, un autre lycéen confie être dans l'incompréhension. "On ne sait pas ce qu'il se passe et pourquoi. On n'a pas été informé, nos parents non plus."

Cette réunion est aussi l'occasion pour Jérôme Paillette, directeur académique adjoint de Gironde, de rencontrer les élèves et enseignants du lycée Jean Monnet. "Il faut que l’institution soit présente pour leur apporter un soutien et pour dire qu’on prend cette situation au sérieux, fait-il savoir. Et que nous visons la pleine sécurité pour les élèves et les professeurs". Le membre du rectorat indique être en lien, depuis la découverte des menaces, avec les services de gendarmerie, le procureur et la préfecture.

Le lycée Jean Monnet est un établissement comme tout autre. Il n'est pas connu comme un endroit où la violence règnerait.

Jérôme Paillette

Directeur académique adjoint de Gironde

Pour l'heure, un dispositif mobile de sécurité a été mis en place par le rectorat jusque dans les allées de l'établissement. Le parquet de Libourne a quant à lui ouvert une enquête pour tenter d'éclaircir les circonstances de ces attaques personnelles qui touchent l'enseignante depuis bientôt un an. L'enquête est menée par la brigade de recherches de Libourne.

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