Ce matin, l’installation du marché de l’Epeule, à Roubaix, a été perturbée par une voiture roulant à vive allure à proximité. Alertée par le vrombissement du moteur, une patrouille pédestre de la police municipale a tenté de la stopper. L’homme au volant n'a pas obtempéré et en fuyant a foncé délibérément sur le véhicule d'une seconde équipe de policiers municipaux. Grâce à la surveillance vidéo, l'auteur des faits a pu être interpellé une heure plus tard.
Comme chaque dimanche, une dizaine de policiers municipaux et de policiers des marchés assuraient ce matin la sécurité du marché de l’Epeule, à Roubaix (Nord). L’objectif de ce type de dispositif étant d'assurer la sécurité du secteur par un système de barrières et un déploiement humain. Mais ce dimanche 7 août, vers 7h15, les effectifs de police ont soudain entendu un vrombissement et des pneus de voitures crisser au loin : une Renault modus à vive allure remontant la rue de l’Epeule vers le marché, en sens interdit.
Christian Belpaire, directeur général de la sécurité et de la qualité de vie à Roubaix, revient en trois questions sur ce “drame qui s’est joué de peu” :
Une fois le véhicule repéré, comment l’intervention s’est-elle déroulée ?
Nous avons espéré pouvoir le stopper mais il a fait une marche arrière et est venu emboutir des plots qui protègent le trottoir. Le conducteur a réussi à prendre la fuite vers la rue des Ogiers, où il a fait face à une seconde patrouille. Il a ensuite foncé droit sur le véhicule de la Police Municipale pour assurer sa fuite. En légitime défense, les policiers ont sorti leurs armes mais le conducteur a réussi à fuir. Il a ensuite été recherché et localisé une heure plus tard grâce aux caméras de vidéosurveillance. Il se trouvait alors rue Cugnot et tentait de récupérer un parechoc. Interpellé, l’homme de 27 ans et originaire de Croix a été envoyé au commissariat de Roubaix.
Quelles étaient les motivations possibles de l’interpellé ?
L’enquête en cours permettra de la déterminer. J’espère que la volonté n’était pas de foncer sur le marché. C’est possible que l'individu se soit retrouvé dans un dispositif de bouclage, nez à nez avec nos effectifs, et qu’il ait voulu en sortir à tout prix en faisant n’importe quoi. Peut-être parce qu’il s’agissait d’un retour de soirée et qu’il était sous l’emprise de l’alcool et/ou de stupéfiants. Mais il faisait déjà vrombir son moteur avant qu’un dispositif ne soit lancé par la police et ça, nous ne l’avons pas vu, donc l'éventualité d'un rodéo urbain est possible. Quand on agit comme il l'a fait, on ne peut pas ignorer qu'on met en danger la vie d'autrui. C'est un comportement inadmissible et on sent qu'il y a une exaspération de ces comportements violents et agressifs en véhicules.
Nous sommes passés à côté d’une catastrophe. Il aurait pu percuter les commerçants en train de s’installer ou les premiers promeneurs du marché, alors qu'il s'agit d'un des plus gros de Roubaix et que nous sommes en plein été. Il aurait aussi pu tuer un policier ou se faire lui-même tirer dessus. C’est une histoire qui se termine bien mais qui rappelle que des missions aux premiers abords banales peuvent faire courir des risques aux forces de l’ordre. Elle montre aussi que le refus d'obtempérer est devenu quelque chose de trop courant.
Qu’est-ce qui a permis l’interpellation et a fait la différence ?
Je tiens à souligner le professionnalisme des policiers municipaux, qui ont d'ailleurs effectué un débrief a posteriori. Ce type d’échanges permet de s’assurer que les collaborateurs aient accusé le coup, mais aussi de tirer une expérience partagée sur les conditions d’intervention, pour comprendre le pourquoi de la réussite ou de l’échec.
Mais le maillage de la vidéo de protection a été décisif, comme souvent. Ce n’est pas un outil magique qui va empêcher les choses ou stopper quelqu’un, mais il est indispensable dans le traitement judiciaire et le flagrant délit. Sur ce déploiement, la stratégie d’implantation de la vidéosurveillance a permis la mise en place d’une vraie stratégie opérationnelle. La mairie a en effet mis en place des moyens colossaux à la disposition de ma direction générale avec 400 caméras sur la ville actuellement et 450 nouvelles déployées d’ici la fin de l’année. À Roubaix, la main ne tremble pas.