Fin décembre, Santé publique France avait annoncé son intention de mettre fin à un programme de surveillance des mésothéliomes, les cancers liés à l'amiante. À Dunkerque, l'Ardeva, association de victimes de l'amiante, s'insurge contre cette décision qui signifie l'arrêt de la recherche et de possibles pistes de guérison.
Une nouvelle perçue comme un ultime affront par les membres de l'Ardeva, association de défense des victimes de l'amiante du Nord-Pas-de-Calais. Début février, le magazine Santé et Travail révélait que Santé publique France avait décidé de mettre fin à son suivi des mésothéliomes, les cancers liés à l'amiante, fin décembre 2023.
Arguant la coupure des fonds, Santé publique France a donc choisi de se désengager du Programme national de surveillance des mésothéliomes (PNSM) et de renoncer au déploiement du Dispositif national de surveillance des mésothéliomes (DNSM) qui devait lui succéder. "C'est incompréhensible, il s'agit d'un pas de plus pour faire passer les victimes de l'amiante dans l'oubli", estime Pierre Pluta, ancien ouvrier et président de l'Ardeva.
► À lire aussi : "Nos empoisonneurs doivent être jugés" : les victimes de l’amiante réclament toujours un procès pour obtenir justice
Pousser vers l'oubli
L'amiante provoque des mésothéliomes lorsqu'elle est inhalée ou ingérée... En bref, dès lors que l'organisme entre en contact avec la matière. "Même une exposition faible et courte peut provoquer des maladies graves et incurables", affirme Pierre Pluta, rappelant que chaque jour l'amiante continue de tuer 10 personnes à travers le monde.
Le scandale sanitaire est donc loin d'être terminé. Or, pour le président de l'Ardeva, mettre un coup d'arrêt aux recherches signifie que justice ne sera jamais rendue pour les victimes de l'amiante et que leurs perspectives de guérison sont désormais nulles.
"Pour moi cela signifie classer sans suite toutes les affaires liées à l'amiante, sous couvert qu'elle n'est plus utilisée en France... Mais les malades sont bien là et en tant qu'habitant à la campagne, il suffit de regarder partout dans le paysage pour voir de l'amiante, sur les toits et dans les écoles. Le dossier est loin d’être clos."
Cela signifie classer sans suite toutes les affaires liées à l'amiante, sous couvert qu'elle n'est plus utilisée en France... Mais les malades sont bien là.
Pierre Pluta, président de l'Ardeva
Statu quo
Depuis 1996, l'association dunkerquoise dépose de nombreuses plaintes contre des personnalités politiques, médicales, scientifiques, représentants des salariés, jugées responsables du déploiement de l'amiante en France, désormais interdite depuis 1997. Mais les procès pénaux restent sans réponse. "Le combat judiciaire pour faire éclater la vérité sur l'amiante et aider les victimes est en train de se retourner contre les personnes souffrant de cancer. La justice fait le procès des victimes", fustige Pierre Pluta, persuadé que le Parquet refuse d'agir pour aider les plaintes à avancer et la vérité d'éclater.
Le combat judiciaire pour faire éclater la vérité sur l'amiante et aider les victimes est en train de se retourner contre les personnes souffrant de cancer. La justice fait le procès des victimes.
Pierre Pluta
Pour lui il ne reste qu'une seule option : "Il faut annuler cette décision et débloquer les moyens financiers permettant aux recherches et à la DNSM de se pérenniser, de donner des possibilités et de l'espoir aux victimes de l'amiante."