Un rassemblement pour l’égalité et la justice, contre le racisme et la loi Darmanin à Lille

Ce dimanche 3 décembre à 14h, une soixantaine de personnes s’est rassemblée sur la Grand’Place à Lille. A l’appel de 28 organisations pour l’anniversaire des 40 ans de la marche pour l’égalité de 1983, les manifestants plaidaient pour la régularisation des sans-papiers et contre la loi asile et immigration de Gérald Darmanin.

Sur la Grand’Place de Lille, environ soixante personnes se réunissent en cet après-midi du dimanche 3 décembre. Sous la pression de la neige et du froid, les organisations se résignent à ne pas partir en manifestation. “Il n'y a pas assez de monde pour constituer un cortège” explique Emmanuelle Jourdain-Chartier, présidente de la Ligue des droits de l’homme de Lille, alors qu’elle opte pour un rassemblement statique. Face à la météo réfractaire, elle tient à rappeler que la neige est un “inconfort” pour nous tandis qu’elle est insoutenable pour les “exilés dans des logements transitoires souvent insalubres.”

Au-dessus des têtes emmaillotées, les drapeaux flottent. Parmi lesquels ceux de Sud Solidaires, la CGT, le mouvement des jeunes communistes de France (JC), la Fédération syndicale étudiante (FSE) ou encore le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et la Ligue des droits de l’homme. Celle-ci fait le lien entre une demande de paix, justice et égalité avec une lutte contre le racisme et la loi asile et immigration présentée par Gérard Darmanin.

L’association Cimade, de lutte pour l’accès aux droits des exilés, s’est jointe à l’appel à manifester. Après avoir été la cible d’une banderole d’un groupuscule d’extrême-droite samedi 2 décembre, elle dénonce la montée des violences banalisées et prône les droits élémentaires des personnes étrangères. Gérard Léval, bénévole à la Cimade, tient à utiliser cet anniversaire des 40 ans de la marche pour l’égalité de 1983 afin “d’alerter l’opinion sur les menaces qui pèsent sur la démocratie, la liberté, les valeurs universelles et les droits de l’homme.”

Le 3 décembre 1983, 100 000 manifestants arrivent à Paris après être partis de Marseille le 15 octobre. Cette marche pour l’égalité et contre le racisme, aussi appelée marche des beurs, est passée par Lille le 21 novembre de la même année. Selon l’INA, il s’agissait à l’époque de “dénoncer le racisme, réclamer une France multiculturelle et obtenir l’égalité des droits pour les immigrés et leurs enfants.” Pour le bénévole de la Cimade, les revendications actuelles s’inscrivent “dans l’héritage de la marche de 1983” car les manifestants actuels dénoncent les “autorités dont la seule volonté est de décourager les personnes qui veulent vivre dignement” et les institutions “qui bloquent les droits élémentaires” des personnes exilées.

“Ce projet de loi asile et immigration est indigne de la République” s’insurge Emmanuelle Jourdain-Chartier, le qualifiant même de “xénophobe et discriminatoire” car il va perpétuer la précarisation des “étrangers sur notre territoire.” En chemin pour être débattu à l’Assemblée Nationale dès le 11 décembre, le texte défendu par Gérard Darmanin a été durci pour le Sénat. La représentante de la LDH considère qu’il “porte atteinte aux fondamentaux de la République” du fait du durcissement des conditions d’attribution des titres de séjour, de la facilitation des expulsions et de la mise en place de quotas migratoires.