Le 4 mai, la préfecture a pris la décision de démanteler le camp d'exilés de Mardyck, le plus vaste du littoral, où survivaient plusieurs centaines de personnes et de familles. Ce 5 mai, une nouvelle expulsion a eu lieu sur le même site.
"Une partie de ces personnes se réinstalleront" reconnaissait François-Xavier Bieuville, sous-préfet de Dunkerque. Ce 4 mai, il était présent sur le site de Mardyck, pour superviser le démantèlement du camp d'exilés de Mardyck, le plus vaste du littoral.
Plusieurs centaines de personnes, de familles et de mineurs isolés s'étaient installés sur des terrains appartennant au port de Dunkerque et à l'enseigne Total. Sur le littoral, ces réfugiés attendent une occasion de tenter la dangereuse traversée de la Manche, vers le Royaume-Uni.
Pour certains, c'est le dernier espoir. Ils ont vu leur demande d'asile refusée dans les rouages du complexe système français ou n'ont simplement pas pu déposer de dossier au regard des accords de Dublin, qui prévoient qu'une demande d'asile soit uniquement déposable dans le premier pays d'arrivée en Europe.
Une nouvelle expulsion à Mardyck
Lors du démantèlement, les associations humanitaires également présentes sur site dénonçaient une opération "inutile" et des solutions de mise à l'abri "inadaptées aux parcours de vie des personnes". La préfecture proposait notamment des solutions d'hébergement, mais éloignées du littoral.
Selon Utopia 56, une nouvelle éviction a eu lieu ce 5 mai sur le même site pour "faire bouger les quelques personnes qui s'y sont réinstallées. Hier, à 23h, une centaine de personnes nous demandaient des tentes. Plusieurs familles étaient déjà en route pour revenir des mises à l'abri du matin vers le camp."
"C'est fermer les yeux sur la réalité"
"Nos alertes se sont confirmées, c'est une expuslion sans solution adaptée. Hier, on a rencontré beaucoup de personnes en errance sur le territoire. C'est fermer les yeux sur la réalité, ces personnes sont sur le Dunkerquois et une réponse sécuritaire n'apportera rien. Elles veulent rejoindre le Royaume-Uni, on ne les fera pas changer d'avis en les faisant monter dans des bus" estime Diane Léon, de Médecins du monde.
Elles veulent rejoindre le Royaume-Uni, on ne les fera pas changer d'avis en les faisant monter dans des bus.
Diane Léon, Médecins du Monde
L'association plaide pour un "lieu de répit" pour pouvoir discuter avec les exilés de leur parcours migratoire. "On a prévu une maraude cet après-midi pour proposer un accompagnement et des soins. Cette politique d'expulsion n'a qu'un effet : invisibiliser les personnes et rendre difficile l'accès aux droits fondamentaux comme l'eau."
Un camp déplacé trois fois en deux ans
La préfecture estime de son côté que l'opération de démantèlement de Mardyck s'inscrit "dans le cadre du droit et du respect des accords avec l'Angleterre pour lutter contre l'immigration clandestine" et pointe également un impératif de "sécurité", le site étant bordé par une voie ferrée et une route départementale.
La politique du zéro point de fixation menée par l'Etat depuis 2017 sur le littoral est critiquée pour son inefficacité. Le campement a été déplacé trois fois en deux ans, de Grande-Synthe à Loon-Plage puis à Mardyck, sans jamais amoindrir la présence des exilés sur les côtes.
Elle n'a pas non plus endiguer le rythme des traversées de la Manche : entre le 26 avril et le 2 mai, déjà 734 personnes ont tenté la dangereuse traversée de la Manche vers le Royaume-Uni,