Affaire Aline Champagne : la Cour d'appel confirme le non-lieu, la famille excédée, "on nous dit juste de nous taire"

Treize ans après la disparition de leur fille Aline, intérimaire décédée à Auchan Louvroil dans des circonstances qui demeurent mystérieuses, Frédéric et Isabelle Champagne ont décidé de déléguer leur combat judiciaire à leur avocat. L'enquête pour homicide involontaire est ouverte depuis 2012.

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"On s'est sentis pris pour des demeurés." Frédéric et Isabelle Champagne ont reçu le jugement dans leur boîte aux lettres à 13 heures ce jeudi 17 octobre 2024. Une seule enveloppe qui répond à douze années de procédure et de combat judiciaires.

Lors de l'ouverture, pas de surprise, mais de la colère. La Cour d'appel de Douai est implacable et confirme un non-lieu dans l'affaire Aline Champagne, fille décédée de Frédéric et Isabelle. La jeune femme a perdu la vie en juillet 2011 au cours d'une mission d'intérimaire à Auchan Louvroil, dans des circonstances mystérieuses, encore obscures aujourd'hui. "Je savais que le non-lieu allait être accordé depuis les premières heures de l’affaire. Mais pas de cette manière", livre Frédéric, écœuré. Sur la lettre, le tribunal souligne que "rien n'est à reprocher à quiconque". Forcément, la pilule ne passe pas pour celui qui a passé treize années de sa vie à monter un dossier, qu'il connaît sur le bout des doigts.

Elle est partie avec ma femme à 3h30 en pleine santé et elle m'est revenue le soir dans un cercueil.

Frédéric Champagne, père d'Aline Champagne

► À lire aussi : Témoignage : Non-lieu requis dans l'affaire Aline Champagne, décédée à 22 ans, en 2011, à Auchan-Louvroil

Des zones obscures qui interpellent les parents

Le 9 juillet 2011, Aline Champagne est retrouvée morte alors qu'elle mettait des produits en rayon. La jeune femme de 21 ans avait été engagée pour un job d'été, qu'elle réalisait en parallèle de sa licence de LEA (langues étrangères appliquées).

L'hypothèse d'un décès par strangulation - la jeune femme avait été retrouvée pendue par la capuche à 30cm au-dessus du sol - avancée pendant un temps est finalement invalidée à l'autopsie. Les enquêteurs privilégient une mort par cause naturelle et le dossier est classé sans suite. Mais plusieurs zones d'ombre interpellent les parents de la défunte. La caméra de vidéosurveillance notamment, ne balayait pas le rayon où se trouvait la jeune femme, restée seule pendant les évènements qui on conduit à son décès.

On n’est pas immortels, on a plus de 50 ans, des problèmes de santé... Je sens qu'on va partir sans aucune réponse.

Frédéric Champagne

Les parents endeuillés - qui ont toujours affirmé vouloir simplement connaître la vérité et qu'Auchan reconnaisse sa responsabilité -, collectent alors des informations et portent plainte en juin 2012 pour "homicide involontaire".

En juillet 2023, le Parquet d'Avesnes-sur-Helpe juge un non-lieu. Le couple fait appel, plaide sa cause en septembre de la même année, avant de patienter un an pour recevoir le délibéré, finalement rendu ce jeudi.

► À lire aussi : Aline, décédée à Auchan Louvroil en 2011 : ses parents continuent le combat

Une page se tourne

"Elle est partie avec ma femme à 3h30 en pleine santé et elle m'est revenue le soir dans un cercueil." Frédéric tempête. "Ma femme et moi on se sent humiliés, on a le sentiment d’être devenus agresseurs de la société Auchan, pas d'être les victimes."

En colère, ces habitants du Bassin de la Sambre ont l'impression de passer pour des affabulateurs. Or, Frédéric et Isabelle expliquent avoir travaillé des centaines d’heures pour monter leur dossier. Lui, est allé jusqu'à conserver les vêtements de sa fille, son jean, ses chaussures de sécurité, au cas où des analyses devraient être menées. "On voulait juste des réponses à nos questions, savoir comment on en est arrivés là. Mais finalement on nous dit juste de nous taire."

Ma femme et moi on se sent humiliés, on a le sentiment d’être devenus agresseurs de la société Auchan, pas d'être les victimes.

Frédéric Champagne

Un engagement qui n'a malheureusement pas payé à l'arrivée. Aujourd'hui, Isabelle et Frédéric n'ont toujours aucune certitude sur les conditions de décès de leur enfant. Est-ce qu'une tierce personne est entrée ? Est-ce une mort par étranglement ? Un malaise, un problème de santé ? Pour Frédéric, le mystère reste entier puisque la cause de la mort est jugée "indéterminée" par la justice. "On n’est pas immortels, on a plus de 50 ans, des problèmes de santé... Je sens qu'on va partir sans aucune réponse."

Fatigués, les deux nordistes ne veulent plus continuer à s'investir dans l'affaire de leur vie, mais ne souhaitent pas abandonner pour autant. Ils comptent désormais sur leur avocat pour reprendre et porter le dossier, sous de nouveaux angles qui restent à étudier. "On a fait tout ce qu’on a pu".

Le couple songe désormais à quitter la région dans les années qui viennent pour se reconstruire ailleurs, loin d'Auchan Louvroil et du souvenir de treize années judiciaires douloureusement infructueuses.

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