Ce mercredi 2 octobre 2024, alors que la justice groenlandaise a décidé de maintenir en détention jusqu'au 23 octobre Paul Watson, militant anti-chasse à la baleine, une action a eu lieu à Toyota - Onnaing. Les navigateurs Jo Le Guen et Eugène Riguidel se sont enchaînés aux grilles de l'entreprise, scandant "Free Paul Watson" ou "Saving whales is not a crime". Le choix de l'entreprise japonaise, pays où Paul Watson risque une extradition "n'est pas anodin". Explications.
La justice groenlandaise a décidé de maintenir en détention le militant écologiste, dans l'attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d'extradition du Japon pour une affaire liée à son combat pour les baleines.
Arrêté le 21 juillet, Watson aura ainsi passé plus de trois mois en détention à cette nouvelle échéance si une décision n'intervient pas d'ici là. Le tribunal du Groenland (territoire dépendant du Danemark) "a décidé aujourd'hui que Paul Watson devait être maintenu en détention jusqu'au 23 octobre 2024 afin d'assurer sa présence dans le cadre de la décision d'extradition", a indiqué la police groenlandaise. Paul Watson a fait appel de cette décision.
"Encore une parodie d'audience, avec des preuves de l'innocence de Paul Watson que la procureure groenlandaise refuse de consulter", estime Jérémy Castellani, bénévole à Sea Shepherd Lille qui, à Toyota Onnaing aujourd'hui, précise que "le choix de cette usine n'est pas anodin" et que "Toyota est une représentation du Japon localement. Aujourd'hui, à midi, se sont donc accrochés à la grille de Toyota les navigateurs Jo Le Guen et Eugène Riguidel, ce qui coïncidait à 9h00 heure groenlandaise, début de la troisième audience judiciaire du procès de Paul Watson".
On essaie que Toyota ne s'associe pas aux crimes des baleiniers japonais ni à cette injustice que subit Paul Watson
Jérémy Castellani, Sea Shepherd Lille
Sans répercussion sur la production de Toyota Onnaing, ni sur la logistique, les 7 personnes présentes scandent au mégaphone "Free Paul Watson", "No Japan extradition" ou "Saving whales is not a crime". "On essaie que Toyota ne s'associe pas aux crimes des baleiniers japonais ni à cette injustice que subit Paul Watson".
Le Japon - pays où Paul Watson risque 15 ans de prison - réclame son extradition, ayant relancé une demande émise dès 2012 via une notice rouge d'Interpol. Il l'accuse d'être coresponsable de dommages et blessures à bord d'un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d'une campagne menée par Sea Shepherd.
Mi-septembre, les avocats du militant septuagénaire ont saisi le Rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l'environnement, dénonçant notamment le risque qu'il encourt de "subir (d)es traitements inhumains (...) dans les geôles japonaises".
Selon eux, la demande japonaise repose sur des affirmations "fallacieuses", ce qu'ils voudraient démontrer en présentant au tribunal de Nuuk des extraits vidéos des événements, filmés par la chaîne Discovery, une requête qui leur a été refusée jusque-là. En outre, selon eux, ce délit n'est pas passible de prison dans le droit groenlandais.
Personnalité controversée dans le milieu environnementaliste, notamment en raison de ses méthodes musclées, le militant a obtenu la signature de 100.000 personnes à la pétition demandant sa remise en liberté. Sur le plan politique, Paris a demandé à Copenhague de ne pas l'extrader. Depuis sa cellule du centre pénitentiaire de Nuuk, un bâtiment gris moderne situé à flanc de rochers, Paul Watson affiche sa détermination à poursuivre son combat.
Avec AFP