Un manifestant venu de Valenciennes (Nord) a été blessée à l'oeil lors de la manifestation des "Gilets jaunes" ce samedi à Paris.
L'image est violente. Une discussion pacifique entre manifestants brutalement interrompue par un projectile qui vient toucher l'oeil gauche de l'un d'entre eux. Sur cette vidéo diffusée lundi sur les réseaux sociaux et vue plusieurs centaines de milliers de fois, on voit "Manu", un Valenciennois, place d'Italie pendant la manifestation des "gilets jaunes" samedi.
Alors que la situation est très tendue aux alentours, il discute à l'écart du chaos avec d'autres manifestants, à proximité du centre commercial Italie 2. Il n'est en rien menaçant pour la police ou la sécurité des lieux.
Sur place, des manifestants et des "street medics" le mettent aussitôt à l'abri alors qu'il se tient l'oeil. Les images permettent de penser que le manifestant valenciennois a reçu une grenade lacrymogène. Plus loin dans la vidéo, on l'aperçoit au sol. Ce n'est en tout cas pas un tir de LBD.
⚠️ Image très violente !!! Blessure à l'oeil un commentaire @CCastaner @prefpolice #PlaceItalie #16Novembre #Acte53 #Paris #GiletsJaunes #Manu #1AnDeColère Mais on imagine que #IGPN va pas réussir a identifier le tireur et ce sera classé sans suite ... pic.twitter.com/HGuJjwydzS
— Altra (@AltraMale) November 17, 2019
Le préfet de police va saisir l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) après la diffusion d'une vidéo montrant un manifestant touché à l'oeil samedi lors des manifestations de "gilets jaunes" à Paris, par un projectile qui semble être une grenade lacrymogène, a-t-on appris auprès de la préfecture.
Opération à l'oeil gauche
La préfecture de police a annoncé que le préfet de police allait saisir l'IGPN "à la demande du ministre de l'Intérieur". Joint lundi par téléphone à l'hopital Huriez de Lille où il s'apprêtait à être opéré, Manuel T. a fait part de son intention de porter plainte "dans les prochains jours". Ce Valenciennois de 41 ans, intérimaire dans l'industrie automobile, avait du mal à s'exprimer "à cause de sa blessure".
De son côté, le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire pour "violence par personne dépositaire de l'autorité publique avec armes ayant entraîné une interruption temporaire de travail de plus de huit jours" et confié les investigations à l'IGPN.
Présente à ses côtés à l'hôpital, une "gilet jaune" de 55 ans avec qu'il s'était rendu à Paris en bus samedi a expliqué qu'il "n'avait rien vu venir" avant l'impact. Ce dernier a eu lieu "entre 14h et 14h30", affirme-t-elle. "Dans ses souvenirs, il n'y a aucune charge, aucune violence. Il était persuadé de ne courir aucun danger", a-t-elle expliqué. "«On était nassés par les policiers, mais tranquilles à l’écart, en train de parler de banalités. On voit sur la vidéo qu’il n’y a pas beaucoup de gens autour de nous. On a même pas eu le temps de voir arriver le projectile», précise-t-elle à Libération.
À ce stade, la perte définitive de son oeil gauche n'était pas encore confirmée médicalement, selon elle.
"Nos pensées de soutien ne vont que vers lui, sa famille et ses proches en moment ! Nous sommes ébranlés par cet acte supplémentaire de barbarie à l'encontre de citoyens TOTALEMENT pacifique...!!!", écrit un internaute sur la la page France "La France en colère".
Les manifestations de samedi, marquant le premier anniversaire des "gilets jaunes", ont été émaillées de scènes de chaos dans certains quartiers de la capitale. En un an, quelque 2.500 blessés ont été recensés parmi les manifestants et environ 1.800 dans les rangs des forces de l'ordre.
Selon le décompte du journaliste indépendant David Dufresne, 24 personnes ont été éborgnées depuis le début de ce mouvement inédit de contestation sociale.