Hainaut : 33 enfants ukrainiens accueillis temporairement dans des familles d’accueil pour fuir l’hiver et la guerre

Partis de Kiev en bus mardi 20 décembre 2022, les enfants âgés de 5 à 17 ans ont été accueillis par l’association Nadiya Soleil ce jeudi à Prouvy (Nord). Issus de milieux défavorisés, ils vont passer trois mois dans des familles d’accueil françaises du Valenciennois, du Cambrésis et de l’Avesnois.

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"Tout le monde avait les yeux larmoyants à la descente du bus. Rien que de vous en parler, j’en tremble encore". Lorsque nous échangeons avec Dominique Lambert ce jeudi 22 décembre dans l’après-midi, difficile pour la secrétaire de l’association humanitaire Nadiya Soleil de contenir son émotion.

Quelques heures plus tôt, elle et son mari ont accueilli 33 enfants ukrainiens dans la salle des fêtes de Prouvy, une commune du Nord située à mi-chemin entre Denain et Valenciennes. Les jeunes avaient quitté Kiev deux jours plus tôt, avant un long périple en bus qui les a acheminés jusqu’au Hainaut.

À peine arrivés, les enfants ont reçu une collation, des cadeaux et ont pu rencontrer les familles d’accueil dans lesquelles ils vont vivre ces trois prochains mois. Dominique et son mari accueillent deux sœurs, âgées de 5 et 10 ans. "Quand la plus grande a branché son téléphone sur le wifi, son application d’alerte s’est mise à sonner pour lui signaler qu’il n’y avait aucun danger, aucun risque de bombardement ici, raconte Jean-Luc, président de l'association. Ils ne vont pas vivre dans le stress permanent".

Une association créée bien avant la guerre

L’association humanitaire n’en est pas à son coup d’essai. Créée en 2006, elle a pour vocation d’accueillir des enfants ukrainiens issus de milieux défavorisés, le plus souvent placés en internat, dans des familles françaises pour une période limitée dans le temps.

"Généralement, on les accueille deux à trois mois l’été et trois à quatre semaine l’hiver, explique le président de Nadiya Soleil. On a fonctionné comme ça jusqu’aux années Covid. Au plus fort, on est allés jusqu’à 70 enfants". L’activité a été réduite à zéro pendant la crise sanitaire.

Le 24 février 2022, les Russes envahissent l’Ukraine et la guerre éclate. "À partir de ce moment-là, les Ukrainiens qu’on connaissait et qui vivaient en Ukraine, des filleuls qu’on avait accueillis les années précédentes, nous ont sollicité, se souvient le président de l’association. Ils ont recontacté soit les familles d’accueil dans lesquelles ils avaient été hébergés, soit l’association pour demander de l’aide pour eux et leurs connaissances".

Une centaine d’adultes ont réussi à fuir leur pays pour rejoindre le Hainaut, principalement autour de Valenciennes et Cambrai. Jean-Luc et Dominique ont joué le rôle d’assistants sociaux : accompagnement auprès de la préfecture pour les démarches administratives, demande d’allocation de demandeurs d’asiles mais aussi aide pour tous les sujets de la vie courante comme la scolarisation des enfants ou l’apprentissage de la langue.

33 enfants transportés en bus de Kiev à Prouvy

Aujourd’hui, tous les réfugiés arrivés au printemps dernier ont été relogés dans des hébergements autonomes avec l’aide de l’État. "À partir de là, on a repris notre activité principale qui était l’accueil d’enfants", poursuit Jean-Luc. Des enfants ont été accueillis cet été dans des familles d’accueil, avant de repartir en Ukraine en septembre.

Dans la foulée, tout a été mis en place pour organiser un accueil cet hiver, en lien avec les internats et les associations humanitaires ukrainiennes. "Contrairement à l’accueil traditionnel de 3 à 4 semaines qu’on fait chaque hiver depuis 2006, l’Ukraine nous a demandé de garder les enfants tout au long de l’hiver pour les mettre à l’abri du froid et des bombes", détaille Dominique Lambert.

Il  n’y a pas d’orphelins, parce qu’ils n’ont pas le droit de sortir du territoire. Ce sont des enfants de familles déplacées, nécessiteuses, en grande difficulté. La plupart vivent en internat.

Dominique Lambert, secrétaire de l'association Nadiya Soleil

Après de multiples questions logistiques et financières, 33 enfants ont rejoint Kiev mardi 20 décembre avant d’embarquer dans un bus, direction la France. La frontière polonaise était un point de stress important. "On avait peur que les douaniers ne laissent pas passer les enfants qui n’avaient pas eu le temps de faire des passeports", témoigne Jean-Luc.

Les enfants ont été accueillis avec une collation et des cadeaux dans la salle des fêtes de Prouvy (Nord); ce jeudi 22 décembre 2022. © Association Nadiya Soleil

Après 8 heures d’attente, le convoi a pu passer au complet. Arrivés mercredi 21 septembre à Cracovie dans l’après-midi, les enfants ont mangé un repas chaud avant de reprendre la route jusqu’à Prouvy, où ils sont arrivés ce jeudi 22 décembre aux alentours de 10 heures.

3 mois en familles d’accueil dans le Nord

Sur les 33 enfants, 20 sont accueillis par l’association nordiste Nadiya Soleil, 13 par l’association AEFU, Accueil d’Enfants France Ukraine. La plupart viennent d’internats situés à la frontière Biélorusse, territoire où la guerre se poursuit. Certains enfants ont fui le Donbass quelques mois plus tôt avec leur famille, d’autres ont précipitamment quitté Boutcha lorsque le massacre de masse a eu lieu.

Pendant trois mois, loin des bombes et de la guerre, les enfants vont être accueillis dans des familles d’accueil du réseau établi par l’association. "Ils vont déjà passer de bonnes fêtes, retrouver le sourire, assurent Jean-Luc et Dominique. Ensuite, il y a obligation de scolariser les enfants. Les familles d’accueil ont pris attache avec leurs municipalités" et tous vont être scolarisés à la rentrée de janvier. Le but : "avoir une vie d’enfants quasi-normale".

Une période de repos jusqu’au 14 mars, date de retour en Ukraine. Un moment "compliqué", de l’aveu du couple à la tête de l’association, qui relativise toutefois. "On dit que c’est juste un au revoir et qu’on va se revoir bientôt. Ce ne sont pas des orphelins, ce sont des enfants qui ont des frères, des sœurs, des parents en Ukraine".

Un élan de solidarité remarquable, qui ne pourrait pas fonctionner sans les dons des particuliers. Le coût du voyage pour les 33 enfants fraîchement débarquées est estimé à 12 000 euros. "On a réussi à quasiment financer les trois quarts, et il reste un quart à la charge des familles d’accueil", explique le président. Pour soutenir la cause et "permettre de préparer le voyage de l’été prochain", il est possible de faire un don à l’association Nadiya Soleil en prenant contact avec Jean-Luc et Dominique Lambert via leur page Facebook.

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