Barbara a chanté Nantes... Et Brel, Vesoul. Esteban Fernandez relève le défi de chanter Valenciennes, la ville où il est né, où il a grandi, où il vit, par choix.
Esteban Fernandez chante depuis qu’il a quinze ans, mais avait laissé sa voix de côté ces quatre dernières années, pour se consacrer à la création musicale, notamment à Taïwan. Pour le projet Fe, mené en partenariat avec Benoît Capelle, pianiste, producteur de musique électronique et Valenciennois comme lui, il a décidé de se remettre au chant. Grand bien lui en a pris.
Fe, comme le symbole chimique du fer. Comme le fe(u) sacré. Le clip de Valenciennes atteint 16.000 vues en quinze jours sur YouTube. "J’avais envie de faire une déclaration d’amour à cette ville qui a toujours été la mienne."
Mille fois, Esteban aurait eu la possibilité de partir, pour Paris, ou même ne serait-ce que pour Lille. Mille fois, il a fait le choix de rester. "Je suis bien là où je suis, s'exclame-t-il. Il y a beaucoup d’avantages, un confort de vie, des belles maisons accessibles. J’ai un studio d’enregistrement de 80 mètres carrés, le 8008 Studio, je n’aurais pas ça à Paris, ou pas dans ces conditions. Ici, il y a une humanité, de la chaleur humaine et de la convivialité." Le tout à deux heures de Paris, une heure de Bruxelles et trois heures de Londres. "C’est possible de vivre à Valenciennes, insiste-t-il, de faire ce choix, comme moi. Les gens ont parfois une image terne du Nord, en noir et blanc, mais on peut s’épanouir dans ces villes-là. C’est important de dire les choses et de pouvoir participer à la citoyenneté d’une ville. Moi je le fais en chantant !"
16.000 vues en 15 jours et plus de 600 partages
Nombreux sont ceux qui ont découvert ou redécouvert Valenciennes grâce à ce clip, partagé plus de 600 fois. "Faire écho à la vie des gens, c’est ça faire une chanson", explique-t-il. Les images en elles-mêmes font réagir sur les réseaux. "J’avais vu un film tourné au caméscope dans les années 80, se souvient Esteban. Quelqu’un filmait la ville, j’ai vu en quel point en 40 ans elle avait changé. J’ai voulu la filmer aujourd’hui, comme un témoignage. Dire : Valenciennes, en 2021, ça ressemble à ça."
Je n’ai pas voulu faire appel à des banques de son. Je veux penser chaque son, pour créer une couleur, un univers.
Avec le réalisateur Guick Yansen, ils sont donc partis de cette idée. "Il faisait très très froid, -7 degrés, sourit Esteban, mais avec un grand soleil. Guick s’est mis dans le coffre de la voiture, la cycliste nous a suivis et c’était parti." La chanson est une alternance entre l’acoustique d’un vieux piano Pleyel, un peu désaccordé, et l’électronique des machines qui prennent le relais sur le refrain. Esteban Fernandez est "un grand amoureux des synthétiseurs analogiques", il en a une douzaine, qu’il utilise beaucoup pour sa musique. "Je n’ai pas voulu faire appel à des banques de son, précise-t-il. Je veux penser chaque son, pour créer une couleur, un univers."
Un album pour fin 2022 au plus tôt
C’est la deuxième chanson que dévoile Fe, dont l’album est prévu pour fin 2022. Au plus tôt. "Il n’y a pas d’urgence à le sortir, se projette Esteban. Avec Benoît, on vit tous les deux de la musique, alors ce projet, c’est un projet plaisir. On prend le temps de faire les choses comme on a envie de les faire. Et puis, je veux éprouver les chansons sur scène avant d’enregistrer l’album !"
Avant Valenciennes, le duo avait posté le clip de Parmi les hommes, un titre écrit avant la pandémie. "Et pourtant cette chanson trouve tout son sens dans le contexte actuel." Aujourd’hui, Esteban et Benoît travaillent sur le prochain single. Après les hommes, la ville, ils s’attellent à "une époque", mais on n’en saura pas plus. En attendant, l’air de Valenciennes reste bien en tête, comme une rengaine. Ou plutôt un hymne, à la ville. Et à l’amour, puisqu’Esteban veut bien l’avouer, il a rencontré sa compagne dans l’Athènes du Nord. "À Valenciennes, j’ai trouvé l’amour. Carpeaux dans les veines, tes courbes athéniennes." Ça fait rêver.