C'est le dernier espoir des salariés de Valdunes : une table ronde organisée ce jeudi 19 octobre à Bercy pour convaincre l'Etat, la SNCF et Alstom de reprendre les deux usines nordistes au sein d'un consortium.
Cela fait des semaines que la CGT réclame cette réunion. Ce jeudi, les représentants syndicaux ont rendez-vous au ministère de l'Economie et des Finances, à Paris. Autour de la table : Sophie Binet pour la CGT, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, des représentants de l'Etat mais surtout de la SNCF et d'Alstom, le constructeur ferroviaire français.
Tous vont étudier le projet de consortium avancé par la CGT. "C'est le seul moyen de reprendre la main, sinon dans deux mois, il n’y a plus de ferroviaire en France, constate Philippe Lihouck, délégué syndical CGT, il faut sauver ce savoir-faire."
Repreneurs
Jusqu'ici, les quelques repreneurs qui se sont montrés intéressés n'ont pas convaincu les salariés, surtout parce que ces entreprises ne voulaient que d'un des deux sites de Valdunes : soit l'usinage de Trith-Saint-Léger, dans le Valenciennois, soit la fonderie de Leffrinckoucke, à côté de Dunkerque.
Alors la CGT propose sa propre sortie de crise : "il faut faire comme en Espagne, explique le délégué syndical, la CAF, le constructeur ferroviaire, construit ses wagons, ses roues, ils produisent tout, c'est la filière complète. C'est pour ça qu'on se dit que ça va intéresser la SNCF et Alstom qui est constructeur mais ne fait pas de roue."
Le représentant reconnaît que pour l'instant la multinationale française est "hésitante, mais la SNCF est dans la boucle depuis un moment. Si déjà ils se déplacent jeudi, c'est pas mal."
Ce projet de consortium est solide, nous, on y croit, alors on s’accroche, il ne manque plus qu'un peu de volonté politique.
Philippe Lihouck, délégué syndical CGT.
Redressement judiciaire
Et le temps presse car la crise à Valdunes dure depuis mai, quand l'actionnaire chinois MA Steel a décidé de lâcher le seul producteur français de roues pour les trains et les RER. D'ici la fin du mois d'octobre, l'entreprise devrait être placée en redressement judiciaire.
Difficile pour les salariés de continuer dans ces conditions : "on n’est pas serein, on vient travailler mais ça pèse, avoue l'un d'eux, surtout que ça dure depuis mai, c’est long, très long, et on sait que ça va continuer jusqu’à décembre".
Beaucoup sont déjà partis, une vingtaine selon la CGT. "Les jeunes se disent qu'il n'y a plus rien à attendre ici, constate le délégué syndical, ils trouvent facilement du travail autour de Dunkerque mais pour les plus âgés, c'est compliqué de chercher ailleurs et de perdre ses acquis sociaux". Il faut dire qu'en moyenne, les salariés de Valdunes ont entre 15 et 25 ans d'ancienneté.
Des chiffres, encore, qui inquiètent le représentant : en 2014, il y avait environ 500 salariés dans le groupe, "aujourd'hui on n'est plus que 322".