Avec la crise, une entreprise nordiste a vu son carnet de commandes s’envoler. Problème : comment s’agrandir en quelques mois pour répondre à la demande ? Dickson s’est alors tournée vers Pôle Emploi et sa méthode de recrutement par simulation.
Debout devant leurs pupitres, une dizaine de demandeurs d’emplois enchaînent des exercices surprenants pour une candidature à un poste dans l’industrie textile. Associer des figures géométriques en un temps imparti, repérer les chiffres différents sur des lignes et des lignes de nombres similaires, les tests s’enchaînent pendant trois heures.
Depuis quelques jours à Hordain dans le Nord, l’entreprise Dickson, fabricant de tissu technique, a ouvert ses locaux en construction à Pôle Emploi.
Objectif : embaucher une centaine de salariés sur leur nouveau site de production nordiste. Avec une contrainte : comment trouver des ouvriers de l’industrie textile, de plus en plus rares ? Pôle emploi applique sa solution maison : la méthode de recrutement par simulation ou MSR.
Des tests par analogie
"Avec l’entreprise Dickson, on est en train de battre des records, explique Thierry Danhiez, Directeur du Pôle Emploi de Denain. Nous avons fait le pari il y a moins de six mois, de recruter une centaine de personnes. En officialisant un réel partenariat avec cette entreprise sur des métiers textiles peu connus comme ourdisseurs ou tisserands, on a des compétences qu’on a dû rapidement trouvé sur le territoire d’Hordain."
Pas besoin de diplôme ou de lettre de motivation pour postuler : le demandeur d’emploi est soumis à un ensemble de tests qui reproduisent par analogie les tâches du poste de travail proposé. "Dans le cas de cette entreprise, explique Benoît Janssens, conseiller à Pôle Emploi, les aptitudes requises étaient au nombre de trois : savoir travailler en autonomie, respecter les consignes et maintenir son attention dans la durée." Les tests ont été imaginés par les conseillers de Pôle Emploi et validés par les salariés déjà en poste dans l’entreprise.
Découvrir des compétences
Pour Pascale Richez, c'est un principe de recrutement séduisant. Après la vente de l’entreprise familiale, cette quinquagénaire recherchait un poste dans l’industrie. Une gageure en temps de Covid. "Tout le monde cherche de l’expérience et je n’en ai pas, explique cette candidate. Je n’ai aucune qualification, et ma conseillère Pôle emploi m’a proposé de faire ces tests. Et je trouve que c’est une bonne expérience pour découvrir ses capacités à exercer un emploi dans l’industrie."
Après la première vague épidémique, ce fabricant de tissu technique a vu ses carnets de commande se remplir à un niveau tel que ses dirigeants se sont décidé ouvrir un nouveau site industriel dans le Nord. "Dickson produit des textiles techniques pour l’amélioration des espaces à vivre, précise Jean-François Dehouck, directeur général adjoint, des toiles de store, de l’ameublement intérieur et extérieur… Cette croissance était nécessaire et nous n’avions plus de place sur notre site historique de Wasquehal."
Une méthode née dans les années 80
D’où le choix d’une ancienne friche textile abandonnée depuis 10 ans pour s’installer : l’édifice est intact et la situation, idéale, à proximité d’une bretelle d’autoroute. La priorité : le nouveau site doit être fonctionnel le plus rapidement possible. "En décembre, le compromis sur le site d’Hordain a été signé, une trentaine d’employés ont déjà embauchés début juin."
La méthode de simulation par recrutement a été expérimentée pour la première fois en France il y a 27 ans. Elle a été labellisée en 2005. 70 postes restent encore à pourvoir d’ici début octobre. Avec possibilités de CDI à la clef.