Face à l'Assemblée nationale ce 23 avril 2024, la députée écologiste Sandrine Rousseau a confié avoir aidé sa mère, atteinte d'un cancer en phase terminale, à se donner la mort. En 2013, l'ancienne vice-présidente du Nord-Pas-de-Calais évoquait déjà ce souvenir sur le plateau de France 3 Régions, se faisant porte-parole des personnes qui n'ont pas pu mourir dans la dignité.
"Moi j'ai aidé ma mère à mourir, elle s'est suicidée et j'étais présente." Un témoignage poignant qu'a de nouveau livré la députée écologiste de Paris, Sandrine Rousseau, face à l'Assemblée nationale ce 23 avril 2024.
En pleine commission spéciale, chargée d’examiner le projet de loi du gouvernement sur la fin de vie, l'élue originaire du Nord a pris la parole pour témoigner du suicide de sa mère, il y a une dizaine d'années, dont elle a été témoin. Face aux responsables des principaux cultes en France, Sandrine Rousseau a expliqué avoir aidé sa mère, atteinte d'un cancer pour la seconde fois et "en souffrance", à mettre fin à ses jours.
"Moi, j'ai aidé ma mère à mourir. Elle s'est suicidée, et j'étais présente. [...] Qui étais-je pour juger de son état à ce moment-là ?", témoigne @sandrousseau. "Ce qui me choque, ce qui est absent de vos mots, ce sont les souffrances de ces personnes."#DirectAN #FinDeVie pic.twitter.com/EiQBS4GpXL
— LCP (@LCP) April 24, 2024
Pendant 9 heures, la députée a assisté à sa lente agonie. Un souvenir marquant, poignant et surtout douloureux, qu'elle s'efforce de raconter une nouvelle fois, pour tenter de faire comprendre aux personnes encore opposées à l'euthanasie la nécessité de prendre en compte la douleur de ces malades.
"Il n'y a aucune des personnes qui seront concernées par cette loi qui ne vont pas mourir dans un proche avenir. La question n'est pas tant le rapport à la mort, que le rapport à la souffrance dans cette mort", a-t-elle fait remarquer, face aux cultes qui se disent toujours inquiets, avant l'examen du texte. "En tant qu'hommes d'Eglise, en tant qu'hommes de foi, la souffrance a une importance."
Il n'y a aucune des personnes qui seront concernées par cette loi qui ne vont pas mourir dans un proche avenir. La question n'est pas tant le rapport à la mort, que le rapport à la souffrance dans cette mort.
Sandrine Rousseau, députée de Paris
"Qui sommes-nous pour juger la souffrance d'autrui ?"
Sandrine Rousseau avait déjà livré ce témoignage sur le plateau de France 3 Nord-Pas-de-Calais en décembre 2013, pour changer de regard sur la mort médicalisée et sensibiliser à ce sujet de société, alors que le Comité national d'éthique devait rendre son avis sur la question. En expliquant avoir aidé sa mère à mourir, la députée, à l'époque vice-présidente du Nord-Pas-de-Calais, risquait d'être accusée de "non-assistance à personne en danger", c'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui.
Elle ne voulait pas vivre les derniers jours ou les dernières semaines de sa maladie, elle ne voulait pas subir ces souffrances là et elle a décidé de mettre fin à ses jours.
Sandrine Rousseau
"Elle ne voulait pas vivre les derniers jours ou les dernières semaines de sa maladie, elle ne voulait pas subir ces souffrances-là et elle a décidé de mettre fin à ses jours... Qui sommes-nous pour juger la souffrance d'autrui ?", assène l'élue, soulignant que, même si le recours à l'euthanasie n'est pas encore légal, cela "se produit quand même". "Ça se fait chez soi, avec ce qu'on a sous la main, sans assistance médicale."
Un moment de solitude, violent pour les malades et leurs proches, scandaleux pour Sandrine Rousseau, qui insiste : "Ces derniers jours ne servent à la dignité de personne."