Adoptée en Normandie et dans le Grand Est, la réservation obligatoire dans les TER pourrait faire son apparition dans les Hauts-de-France. Une idée que les écologistes dénoncent, mais que le vice-président de la région n'exclut pas. On fait le point.
"Si tout se passe bien cet été dans le Grand Est, la région des Hauts-de-France pourrait alors être la prochaine à envisager l’obligation de réservation de ses TER." C'est ainsi que le quotidien Ouest France a conclu l'un de ses articles.
S'il est obligatoire depuis deux ans de réserver son siège pour voyager dans les trains régionaux normands, et depuis quelques semaines dans le Grand Est, l'éventualité que cette mesure traverse la frontière des Hauts-de-France ne fait pas l'unanimité.
Une mesure "dangereuse et contre-productive" pour les écologistes
Publié le 16 août, cet article d’Ouest France a rapidement fait réagir sur le banc des écologistes des Hauts-de-France. Karima Delli et Julien Poix, ont publié un tract le lendemain, dénonçant une mesure "dangereuse et contre-productive."
Dangereuse car "elle risque de torpiller les TER, trains du quotidien" fustige-t-on côté écologiste. "Ce système de réservation pour accéder aux TER régionaux est absurde et risque de détourner de nombreux publics du TER alors que ceux-ci sont attractifs."
🚆Réservation obligatoire dans les TER: "on roule sur la tête! ". C'est une mesure inacceptable et contre-productive. Nous devons faciliter le voyage des usagers et offrir des transports de qualité, pas construire de nouvelles barrières! Notre déclaration avec @KarimaDelli ⤵️ pic.twitter.com/H7MWaD56o1
— Julien Poix (@JulienPoix) August 20, 2024
Actuellement, pour emprunter un TER, il suffit d'acheter un billet. Alors que pour monter à bord d'un TGV il faut réserver un siège. "Imagine-t-on demain la mise en place d'une réservation obligatoire pour accéder au métro ou au tramway, sur les RER pour limiter l'affluence ?" comparent-ils en guise d'exemple. "Ce serait un passage en force : il n'y a en effet jamais eu de débats, de discussions ou d'échanges sur cette question au sein du conseil régional ou de la commission des transports des Hauts-de-France."
Un dispositif pour éviter de "rester à quai" pour Christophe Coulon
Pour faire la lumière sur cette histoire, et savoir si oui ou non, la réservation des sièges sera implantée dans les Hauts-de-France, Christophe Coulon a répondu aux questions d'Ophélie Masure dans le JT ICI 12/13 du 20 août. "La région n'a pas lancé d'expérimentation à ce sujet" a souhaité clarifier le vice-président des Hauts-de-France en charge des mobilités, d'entrée de jeu.
Il poursuit cependant en défendant cette idée. "La réservation c'est pour éviter que les trains ne laissent sur le quai des gens parce qu'ils n'ont plus la capacité de les emporter. On retrouve cette situation sur les trains les plus sollicités, surtout à destination de Paris."
Vis-à-vis des critiques émises par le camp écologiste, Christophe Coulon se veut plus nuancé. "Ça ne sert à rien de crier avant d'avoir mal. Il n'y a absolument aucune étude ou expérimentation de décidée. (...) Moi je regarde ce qu'il se passe, on me dit du côté de la SNCF : « regardez il y a des résultats intéressants à évaluer »"
Mais si on doit réserver et qu'il n'y a plus de place on fait comment ?
Usagère du TER dans les Hauts-de-France
À la fin de l'année, le vice-président des Hauts-de-France chargé des mobilités tirera les conséquences de cette observation en termes de "qualité et de confort" pour les usagers. La décision finale appartient au conseil régional des Hauts-de-France, "puisque nous sommes autorité organisatrice des mobilités" précise Christophe Coulon, et pas à la SNCF.
Et les usagers dans tout ça ? Ils ne sont pas forcément séduits par cette idée de réservation. "Ça va compliquer les choses" estime l'une d'entre elles dans les rues de Lille. "Le train c'est ce qu'il y a de plus pratique" ajoute une autre "mais si on doit réserver et qu'il n'y a plus de place on fait comment ?"
Quelle solution face à la surfréquentation des trains régionaux ?
Car la question sous-jacente dans cet imbroglio qui entoure la réservation des sièges de TER, c'est bel est bien la gestion des passagers aux heures de pointe. Une problématique dont Christophe Coulon se saisit à la région.
Pour faire face aux soucis de surfréquentation qui empêchent certains passagers de monter dans les voitures des TER, il explique qu'une cinquantaine des trains "plus capacitaires" a été achetée par la région.
Mais ça ne suffit pas. "Avoir des trains plus grands c'est bien, mais quand vous partez de Paris et que le réseau est saturé parce que vous ne pouvez plus mettre de trains supplémentaires vous avez un problème de répartition du flux dans les trains. (...) Il vaut mieux réfléchir aux manières de pouvoir mieux planifier" conclut-il.
Faut-il y voir une approbation de l'implantation de la réservation dans les TER ? Difficile de savoir. En attendant, une réunion est prévue le 26 septembre pour faire un point avec la région Grand Est.