Le LaM accueille la première grande rétrospective en France de Isamu Noguchi (1904–1988), artiste nippo-américain. Sculpteur, designer, architecte..., l'inventeur des iconiques lampes Akari fut un touche-à-tout génial, voguant entre les cultures et les disciplines.
Pour en savoir plus, nous avons posé 3 questions à Sébastien Delot, directeur conservateur du LaM.
Qui est Isamu Noguchi ?
Connu et pourtant inconnu, nous avons déjà toutes et tous croisé certains de ses objets de design les plus populaires comme ses lampes Akari, réalisées en papier et en bambou, inspirées des lanternes japonaises, que de nombreuses enseignes d’ameublement ont imitées.
Né en 1904 à Los Angeles d’un père poète japonais et d’une mère écrivaine américaine, Isamu Noguchi a évolué toute sa vie entre Orient et Occident, après une enfance passée au Japon et une adolescence aux États-Unis. En 1927, il arrive à Paris et rencontre le célèbre sculpteur Constantin Brancusi, dont il devient l’assistant.
Voyageur infatigable, Noguchi a vogué toute sa vie entre les cultures et les disciplines en allant du dessin à la sculpture, du design à l’architecture, ou encore de l’aménagement paysager à la danse. Nourri par ses collaborations avec différentes personnalités comme la chorégraphe Martha Graham ou l’architecte R. Buckminster Füller, c’est une œuvre plurielle et riche que Noguchi a développée à l’échelle de l’objet, du corps, de l’espace domestique et du paysage.
En 1927, Noguchi arrive à Paris et rencontre le célèbre sculpteur Constantin Brancusi, dont il devient l’assistant.
Pour lui, l’important n’était pas de fabriquer des pièces uniques destinées à des galeries et à des musées, mais de concevoir des objets et des espaces pour la société. L’art pour lui devait investir le quotidien.
Quelles sont les grandes thématiques de cette exposition ?
Noguchi est généralement associé au design alors qu’il est avant tout un artiste touche-à-tout qui se nourrit de plusieurs domaines. L’exposition du LaM, qui est la première de cette ampleur organisée en France, met en avant l’œuvre d’un créateur qui a cherché toute sa vie à « élargir les possibilités de la sculpture ». Elle permet aussi de mettre l’accent sur la manière dont ses rencontres et collaborations ont influencé son œuvre qui n’a cessé de brouiller les frontières entre sculpture, design, architecture et danse, tradition et innovation, art et artisanat.
L’exposition présentée au LaM est la quatrième étape d’une circulation européenne (Barbican Centre de Londres, Museum Ludwig de Cologne et Zentrum Paul Klee de Berne). À chaque étape, le parcours de l’exposition s’enrichit et propose un autre regard sur l’œuvre de Noguchi.
Au LaM, il était notamment important de mettre en avant les liens qu’entretenait l’artiste avec la France, qui constitue un point d’ancrage tout au long de sa vie - il a notamment vécu à Paris de 1927 à 1929 et s’y est par la suite rendu à huit reprises. Le parcours permet de présenter la vie et l’œuvre de l’artiste de manière chronologique tout en proposant des salles plus historiques qui rejouent certaines des expositions iconiques de l’artiste. C’est une réelle traversée et découverte d’Isamu Noguchi qui est proposée au public !
Une bonne raison d’aller voir l’expo ?
Ce qui rend l’exposition exceptionnelle, c’est avant tout de pouvoir découvrir un artiste formidable ! Et de voir un ensemble important de ses œuvres en un seul et même lieu.
Vous pouvez y découvrir des sculptures en laiton, en bronze, en pierre et, dans la salle suivante, des objets de design aux lignes futuristes, puis revenir à des productions figuratives, abstraites et au fil du parcours, vous émerveiller devant un nuage de lampes Akari, vous arrêter sur ses engagements politiques et sa conscience sociale…
Sauf à ce que vous ayez prévu un voyage prochainement aux États-Unis, vous ne reverrez pas autant d’œuvres de l’artiste en Europe de sitôt !
Sébastien Delot, directeur-conservateur du LaM
Découvrir ou redécouvrir l’œuvre d’un artiste qui incarne l’évolution de l’art moderne, l’internationalisation des productions artistiques, la mondialisation des sociétés occidentales et les croisements incessants entre les disciplines est une véritable chance !
Une grande majorité des œuvres de Noguchi sont aujourd’hui conservées à la Isamu Foundation and Museum Garden de New York. Sauf à ce que vous ayez prévu un voyage prochainement aux États-Unis, vous ne reverrez pas autant d’œuvres de l’artiste en Europe de sitôt !