Homéopathie : le laboratoire Boiron supprime 600 postes, 35 emplois menacés à Villeneuve-d'Ascq

Le site nordiste n'est pas menacé de fermeture, comme le sont d'autres du géant de l'homéopathie, mais ses effectifs risquent d'être très touchés.

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Boiron a confirmé mercredi les craintes de ses syndicats : le laboratoire a annoncé plus de 600 suppressions de postes en France, environ un quart de ses effectifs dans le pays, mettant cette décision sur le compte du déremboursement de l'homéopathie décidé par le gouvernement.

 

13 sites fermés sur 31


Au total, 13 des 31 sites de Boiron en France seront fermés, dont l'usine de Montrichard (Loir-et-Cher), l'un de ses trois sites de production sur le territoire, ce qui représente au total la suppression de 646 postes, a indiqué à l'AFP le groupe, qui a présenté ce projet aux syndicats dans la matinée.

Sur le site de Villeneuve-d'Ascq, qui compte 85 postes, ce serait 40% des effectifs qui seraient concernés, soit 35 emplois menacés, selon France Bleu.

Ce plan, qui ne concernera que la partie française des quelque 3.700 salariés du groupe dans le monde, est nécessaire pour "pérenniser l'entreprise et assurer son avenir et celui des salariés qui restent", a affirmé le laboratoire.

 

Le groupe plaide "la création de 134 postes"


"Dans ce projet, il y a la création de 134 postes et aussi une nouvelle organisation de nos équipes commerciales pour pouvoir s'adapter à cette nouvelle donne", a-t-il précisé, ajoutant que les filiales à l'international ne sont pas concernées par "ce plan de réorganisation".
 
Dans le détail, outre l'usine de Montrichard, 12 sites de préparation-distribution seront fermés, à Avignon, Belfort, Brest, Grenoble, Limoges, Niort, Paris-Bois d'Arcy, Paris-Ivry, Pau, Rouen, Strasbourg et Toulon.

Cette fermeture "va arriver très vite", déplore une déléguée syndicale à Besançon. "Cette décision du déremboursement (de l'homéopathie prise par le gouvernement français) nous a porté un grave préjudice", dénonce-t-elle. "On tient à remercier Agnès Buzyn".

Le laboratoire lyonnais, leader mondial du secteur, a lui aussi mis en avant le rôle que joue, selon lui, la décision de dérembourser l'homéopathie prise par le gouvernement français, alors que l'Hexagone représente quasiment 60% de ses ventes.

Depuis le 1er janvier, l'homéopathie, qui fut un temps remboursée à 65% avant de tomber à 30%, ne l'est en effet plus qu'à 15%. Ce taux tombera à zéro en 2021.

 

Longue polémique


Cette décision avait été annoncée en juillet 2019 par le ministère de la Santé, au terme d'une longue polémique sur l'efficacité de l'homéopathie.
 

Cette controverse avait vu s'affronter les médecins pro et anti-homéopathie, une pétition en faveur du maintien du remboursement rassemblant même 1,3 million de signatures, selon le site www.monhomeomonchoix.fr, soutenue par des organisations professionnelles, sociétés savantes, patients et entreprises du secteur de l'homéopathie.
 
À l'époque, Boiron avait brandi le risque des importantes conséquences sociales d'une telle mesure, affirmant qu'un déremboursement menacerait 1.000 emplois sur ses 2.500 en France.

Il y a eu "une campagne de déstabilisation très virulente depuis deux ans", a affirmé l'entreprise, disant continuer à "tout faire pour obtenir un moratoire et le maintien d'un remboursement".

Le groupe a vu son bénéfice net chuter de 29% l'an dernier, à 40,6 millions d'euros, selon un communiqué publié mercredi soir.

Ses ventes annuelles ont, quant à elles, reculé de presque 8% à 557 millions d'euros, alors même que le déremboursement n'avait pas encore eu lieu.

"8% de baisse de chiffre d'affaires, ce n'est pas très important. Le problème est, en dehors du déremboursement, l'image, l'une des pires choses à gérer. L'image est totalement décrédibilisée, cela pèse aussi sur l'activité", commente le bureau d'analyse financière français IDMidCaps.

Toutefois, très peu endetté, le groupe disposait à fin 2019 d'une trésorerie nette de près de 210 millions d'euros.

"Même s'ils disposent d'une situation financière favorable, ils sont obligés de prendre des mesures drastiques et de s'adapter à la situation s'ils veulent continuer à générer de la trésorerie de façon durable pour se développer", nuance IDMidcaps.
 
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