Dans la nuit de samedi à dimanche, les forces de l'ordre ont observé moins de violences que les nuits précédentes. Cependant, certaines communes restent concernées par des phénomènes d'émeutes.
Globalement, la nuit de samedi à dimanche a été plus calme que les précédentes. Est-ce l'effet des couvre-feux dans de nombreuses communes, de la lassitude, des nombreuses gardes à vues, d'une présence policière renforcée, de l'émotion face à la mort de Nahel qui retombe peu à peu ? Quoi qu'il en soit, ce matin la Préfecture du Nord annonce 31 interpellations dans le département, c'est près de trois fois moins que la veille. La nuit dernière, aucun membre des forces de l'ordre n'a été blessé.
La plupart des actions de la nuit concernent des pillages, des tentatives de pillages ou des actes de vandalisme. Moins d'affrontement direct entre émeutiers et forces de l'ordre.
Une situation d’entre-deux décrite, en off, par un maire de la région, qui préfère garder l’anonymat et ne pas s’exprimer sur le sujet. Dans sa commune, où un couvre-feu est en vigueur, la nuit a été plus calme. Mais le maire reste méfiant et précise que c'est pour cette raison qu'il ne souhaite pas s'exprimer, de peur de "stigmatiser" et de raviver les tensions. Il confie être face à une inconnue, une crainte : est-ce la fin de cet épisode de violences ou est-ce que les émeutes repartiront de plus belle, dès ce soir ?
Un calme relatif
Si le nombre de gardes à vue et d'actes de vandalisme est en baisse par rapport aux nuits précédentes, le calme est à relativiser puisque certaines communes de la région ont connu une nouvelle nuit d'affrontement. A Maubeuge, dans le quartier Sous-le-Bois, des affrontements ont opposé une soixantaine d'individus aux forces de l'ordre jusqu'à environ trois heures ce matin. Au moins trois véhicules ont été incendiés, au niveau du rond-point d'entrée du quartier, et des dizaines de mortiers d'artifice ont été tirés.
A Boulogne-sur-Mer, c’est le quartier du Chemin-Vert qui s’est embrasé pour une troisième nuit consécutive. Tout a commencé avec la tentative d’incendie au cocktail molotov de l’espace initiative solidarité, à quelques mètres seulement de la maison de l’emploi, déjà incendiée dans la nuit de jeudi à vendredi. Les forces de l’ordre reçoivent alors l’ordre d’intervenir pour disperser les émeutiers.
Une cinquantaine de jeunes, regroupés au niveau de la place Vignon, utilisent des pierres et des mortiers d’artifice. Les policiers et gendarmes répondent par des tirs de gazs lacrymogènes. Et à Boulogne-sur-Mer, les affrontements sont partagés en masse sur les réseaux sociaux. Un compte instagram : “Quartier Boulogne-sur-Mer” recense et republie des vidéos d’incidents en cours dans la ville accompagnés de nombreux messages destinés à encourager les abonnés à rallier les groupes d'émeutiers. Des informations sur les lieux et horaires de rendez-vous sont même rendus publics. La première version de ce compte a été supprimée par Instagram, mais une seconde vient d’apparaître sur les réseaux.
C'est précisèmment ces comptes qui sont dans le collimateur du gouvernement, qui les accusent d'attiser la colère. Hier, le Garde des Seaux, Eric Dupond-Moretti a déclaré à ce sujet : “Que personne ne pense que derrière ces réseaux sociaux, il y a l’impunité.” Une façon claire de responsabiliser, en plus des émeutiers dans la rue, des délinquants du net.