En grève de la faim, un Dunkerquois réclame des papiers pour la jeune Ukrainienne qu'il héberge

"J’étais fier de pouvoir l’accueillir dans mon pays mais maintenant, j’ai honte". Grégory Schrevelle s'agace quand il explique l'imbroglio administratif dans lequel se trouve Tetiana Paramonova, étudiante ukrainienne de 21 ans.

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Le 7 octobre 2022, Tetiana Paramonova atterrit à l'aéroport de Beauvais. L'étudiante vient de quitter la Bulgarie, où son stage de Master en tourisme vient de se terminer. Là-bas, elle n'a plus ni logement, ni argent. Sa famille, restée à Severodonetsk, à l'est de l'Ukraine refuse qu'elle rentre dans son pays. La ville stratégique a été tout l'été le théâtre de combats acharnés avec la Russie. Igor, son frère aîné, décide alors de contacter un Français rencontré en mars lors d'une mission humanitaire : Grégory Schrevelle.

"On s'était vu à Lviv et on avait tout de suite sympathisé, raconte le Dunkerquois de 51 ans. Quand il me contacte six mois plus tard, je comprends qu'il veut sauver sa sœur, je dis oui tout de suite, je sais que je vais pouvoir l'accueillir sans problème".

Ce n'est pas la première fois que l'agent EDF vient en aide à des Ukrainiens. Lors de son dernier séjour, il rentre du pays en guerre avec 3 personnes, hébergées depuis dans le Dunkerquois. "Tout se passe bien, les réfugiés sont accueillis ici à bras ouverts". 

L'arrivée de Tetiana confirme son ressenti. La jeune femme s'adapte très vite. Elle est rapidement inscrite à la fac et loge dans deux familles d'accueil différentes. "C'était pourtant pas évident pour elle, reconnaît Grégory, imaginez-vous débarquer dans un pays inconnu, vivre chez des inconnus et apprendre une nouvelle langue".

Grégory se rapproche alors de l'association Dunkerque Ukraine qui gère, entre autres, les démarches administratives. Une demande de "protection temporaire" est envoyée avant la fin du mois d'octobre. Elle permet aux Ukrainiens de bénéficier -notamment- d'une couverture sociale et, dans le cas de Tetiana, d'une allocation d'un peu plus de 200€ par mois.

La jeune femme a rendez-vous à la préfecture de Lille le 10 novembre. Elle s'y rend, accompagnée d'Alice, représentante de l'association dunkerquoise : "je me doutais qu'il y aurait un problème avec elle, je l'ai su dès que j'ai vu son passeport." Les derniers tampons prouvent en effet que la jeune femme vient directement de Bulgarie. Elle n'est pas repassée par son pays. Officiellement donc, Tetiana n'a pas fui l'Ukraine et ne peut bénéficier du statut réservé aux "ressortissants ukrainiens qui résidaient en Ukraine avant le 24 février 2022", selon le site du ministère de l'intérieur

"C'est absurde, s'insurge encore Grégory, il aurait fallu qu'elle rentre dans son pays en guerre juste pour cocher une case".  

"Je ne pensais pas que ça serait si difficile, se décourage aujourd'hui Tetiana. On n’avance pas, alors que j’ai besoin de cette protection". La jeune fille est pourtant intégrée, elle suit des cours à distance, le Master de tourisme de sa faculté ukrainienne et assiste également aux leçons de français proposées par l'Ulco, l'université littoral côte d'opale. 

Considérée comme touriste

"Elle travaille bien, affirme Grégory, elle passe son temps à faire ses devoirs. Mais ici, elle est toujours considérée comme touriste".  Un statut qui ne lui permet pas de travailler, ni de bénéficier d'une couverture maladie. "Si elle se blesse, elle n'a pas de carte vitale, ne pourra pas être soignée". 

D'où l'idée de la grève de la faim : "j'ai lancé une pétition, je veux alerter, interpeller, dit Grégory. Depuis mercredi 1er février, je ne mange plus, je ne sais pas si ça va changer quelque chose mais je ne sais plus quoi faire".

Une prise de risque que Tetiana ne cautionne pas : "quand il m’a dit qu’il faisait ça, je me suis dit : "j’espère que ça n’est pas vrai", je suis inquiète. Je lui demande d’arrêter. Mais c’est sa décision, il connaît ses limites"

Deux options s'offrent aujourd'hui à la jeune fille, détaille Alice de l'association Ukraine Dunkerque : "soit elle trouve un travail et son employeur demande un visa de travail, mais ça sera long. Soit on dépose une demande d'asile". Mais ça sera long aussi.

Peu importe, Tetiana est déterminée "Je vais essayer tout ce qui est possible ici pour avoir des papiers. Je suis en sécurité, ma famille est rassurée, je veux rester pour l'instant."

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