Dans cette ferme du village de Le Favril, Céline Flahaut chouchoute ses hectares. C'est l'association qui a rendu son aventure possible.
"Bah oui, y’a un peu de fierté quand même d’avoir réussi à monter ça", confie doucement Céline Flahaut.Depuis deux ans, la jeune agricultrice gère seule une exploitation maraîchère biologique de plus de 5 hectares. L’aboutissement d’un projet mûri depuis de nombreuses années, et qui n’aurait pas vu le jour dans d’aussi bonnes conditions sans l’association Terre de liens.
©France 3 Hauts-de-France
"Quand on n'a pas les réseaux, c'est difficile"
"J’avais pas une grosse somme de côté, reconnaît Céline Flahaut. Ça nous aurait mis des prêts, vraiment la corde au cou."
Créée en 2008, l’association Terre de Liens Nord-Pas de Calais promeut l’agriculture biologique, l’économie solidaire et surtout la création d’activité en milieu rural. Elle est propriétaire de l’exploitation de Le Favril, et facture à Céline Flahaut un loyer annuel de 2 500 euros pour le terrain, et 600 euros pour la maison.
Un sacré coup de pouce, qui permet à l’agricultrice de rembourser progressivement sa dette, et de se concentrer sur le développement de son exploitation.
"Il y a déjà peu de terres pour les gens qui sont dans le monde agricole, et quand on est hors cadre familial, quand on n’a pas les réseaux pour s’installer en reprenant la ferme de ses parents, c’est difficile, explique Anne-Marie Royal, co-présidente de Terre de Liens Nord Pas-de-Calais. Donc nous nous aidons des gens qui ont un vrai projet, une vraie envie de s’installer, comme Céline, mais qui n’ont pas forcément tous les codes."
Des sols qui perdent en qualité
Effectivement, les terres se font rares. En 35 ans, le Nord Pas-de-calais a presque perdu 70 % de ses fermes.
La qualité des sols baisse également, selon l’association Terre de liens, qui justifie ce constat par une région "densément peuplée", où la pression sur la terre est grande et fait perdre aux sols ses qualités naturelles.
Cela s’appelle l’artificialisation, et touche 15% de la surface régionale, contre 5% à l’échelle nationale.
Les femmes plus tournées vers le bio
Alors soutenir et encourage les jeunes, notamment une jeune femme comme Céline Flahaut, c’est coup double pour l’association.
Car, selon le rapport "Femmes et agriculture : pour l'égalité dans les territoires" , conduit par la délégation aux droits des femmes du Sénat et rendu public à la mi-juillet, les femmes sont plus nombreuses à se tourner vers l’agriculture biologique.
"Surfaces moins étendues, moindre mécanisation et circuits commerciaux courts sont des points communs à l'agriculture bio et aux méthodes professionnelles privilégiées par les femmes" pointe le document.
Toute la production de Céline Flahaut est vendue via une AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne ndlr). Une agriculture responsable, durable : Céline et Terre de liens n’en demandaient pas plus.