Tirs dans un Thalys : Jean-Hugues Anglade dénonce l'attitude du personnel de bord

Le comédien Jean-Hugues Anglade, blessé en actionnant le signal d'alarme, a dénoncé l'attitude du personnel du Thalys qui se serait enfermé dans la motrice pour se protéger du tireur sans se soucier des passagers.
 

Blessé à la main vendredi en actionnant le signal d'alarme du TGV Thalys à bord duquel un homme a ouvert le feu, le comédien Jean-Hugues Anglade a livré son premier témoignage à Paris-Match. Il dénonce notamment l'attitude du personnel du Thalys qui a couru pour se protéger en s'enfermant dans la motrice.

"Nous avons entendu des passagers hurler en anglais "Il tire ! Il tire ! Il a une kalachnikov ! " J'étais avec mes deux enfants et ma compagne, autour de nous, il y avait une quinzaine de passagers. Tout à coup, des membres du personnel naviguant ont couru dans le couloir, le dos courbé. Leurs visages étaient blêmes. Ils se dirigeaient vers la motrice, leur wagon de travail. Ils l'ont ouvert avec une clef spéciale, puis se sont enfermés à l'intérieur... Le tireur était à quelque dizaines de mètres de nous, dans le wagon numéro 12."

"Nous criions pour que le personnel nous laisse entrer"


"L'homme armé venait vers nous, il était déterminé", poursuit-il. "J'ai pensé que c'était la fin, que nous allions mourir, qu'il allait tous nous tuer. Oui, on s'est vu mourir car nous étions prisonniers de ce train, et qu'il était impossible de s'échapper de ce cauchemar. Nous étions piégés dans une souricière ! C'est un sentiment terrifiant de se sentir autant impuissant. On cherchait tous une issue, un moyen de s'enfuir, de survivre. J'ai brisé la vitre pour tirer l'alarme pour arrêter le Thalys! Le verre a méchamment entaillé mon majeur jusqu'à l'os, et les machines ont ralenti. Mais nous étions toujours bloqués à l'intérieur. (...) Dos au mur. Collés les uns aux autres contre la porte métallique de la motrice. Nous tapions dessus, nous criions pour que le personnel nous laisse entrer, nous hurlions "Ouvrez !" On voulait qu'ils réagissent ! En vain... Personne nous a répondu. Silence radio. Cet abandon, cette détresse, cette solitude, c'était terrible et insupportable ! C'était, pour nous, inhumain. Les minutes paraissaient des heures. J'ai protégé de tout mon corps mes enfants, leur répétant en boucle que tout allait bien. Ma main blessée saignait beaucoup,  mais étonnamment, nous avons tous gardé notre sang froid."

"Puis, un jeune homme, Anthony Sadler (l'un des Américains qui ont neutralisé le tireur NDR), a accouru dans notre voiture, criant que le tireur était maitrisé par des soldats américains en permission, que tout allait bien. Il nous a rassurés, il cherchait des couvertures de survie et une trousse de secours pour les deux blessés graves. Il a tapé à la porte de la motrice, mais sans succès, une fois encore. Il est reparti auprès des autres. Nous étions hors de danger."

Cinq points de suture

Jean-Hugues Anglade s'en sort avec cinq points de suture à la main mais son tendon n'a pas été atteint. Ce samedi, il rend hommage à l'héroïsme des passagers américains qui ont évité un vrai carnage.

"Nous étions au mauvais endroit, mais avec les bonnes personnes. C'est un miracle. Nous avons eu une chance incroyable d'avoir ces soldats américains. Je veux rendre hommage à leur courage héroïque, et les remercier, sans eux, nous serions tous morts."
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