Opération séduction pour Natacha Bouchart et une quarantaine d'acteurs économiques et touristiques. Ils ont pris le ferry ce jeudi pour promouvoir Calais et la Côte d'Opale à Ashford, de l'autre côté de la Manche, où l'image de la cité portuaire souffre de la présence migratoire. Interview.
La maire (LR) de Calais, a pris la tête d’une délégation dans le cadre d’un déplacement inédit à Ashford, en Grande-Bretagne. Natacha Bouchart et une quarantaine de Calaisiens sont allés rencontrer des personnalités britanniques du monde politique, économique, commercial et touristique. Une opération séduction destinée à développer les liens de part et d'autre de la frontière, et surtout, à faire revenir les Anglais dans le Calaisis dans le triple contexte du Brexit, de la crise migratoire et des attentats en France.
Quel est l'esprit de la démarche que vous entreprenez aujourd'hui?
Ce n'est pas une opération de reconquête des Anglais, mais de conquête car cela n'a jamais été fait. Il est important que quelles que soient leurs conditions de sortie dans le cadre du Bexit, et leurs futurs échanges avec l'Union européenne, les Britanniques aient à l'esprit que nous sommes aux portes de l'Angleterre. Le premier pas qu'ils font lorsqu'ils arrivent en France c'est Calais. Je souhaite leur rappeler que nous sommes des voisins très proches. Il est important par conséquent que nous puissions mieux travailler ensemble, et développer des projets communs, quelles que soient les circonstances. Dire aux Britanniques que nous sommes prêts à travailler économiquement et touristiquement avec eux.L'enjeu est-il seulement Calaisien ou aussi régional ?
L'enjeu est aussi régional, clairement. Il y a des projets très importants qui me tiennent à cœur comme celui du métro transmanche. Mettre Calais et Ashford à 30 minutes de distance, ça permet d'aller travailler de part et d'autre du Channel, de passer une journée ou un week-end d'un côté ou de l'autre. Cela développerait considérablement nos échanges, et créerait une mobilité beaucoup plus importante entre la Côte d'Opale et le Kent. C'est une réflexion que nous avons avec Xavier Bertrand pour développer l'ensemble de la région. (Xavier Bertrand est président de la région des Hauts de France, Natacha Boucart en est la vice-présidente déléguée à la mer, aux ports et à la politique du littoral, NDLR).Entre Brexit, crise migratoire et attentats, il va falloir faire preuve de persuasion pour faire revenir les habitants du Kent dans notre région, non ?
Je veux dire aux Britanniques que les conditions sont réunies pour qu'ils puissent circuler en toute tranquillité et en toute sécurité sur la Côte d'Opale. Je ne néglige pas le problème migratoire qui est le problème de nos Etats. Ce sont à nos Etats de régler la situation. Mais cela ne doit pas nous empêcher d'échanger avec nos voisins, d'avoir des relations et des projets communs. Nous pouvons être gagnant-gagnant dans cette démarche et nous avons besoin d'un affichage fort entre le littoral calaisien et le Kent.
