Au Louvre-Lens, on forme les seniors à devenir guides pour leurs petits-enfants

"Dis, Mamie, pourquoi les bonhommes sont toujours tout nus sur les tableaux" ? Pour se dépêtrer des questions parfois embarrassantes des bambins, le Louvre-Lens propose de former les seniors aux futures visites avec leurs petits-enfants.

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Selon l'institution culturelle, en France, près de 52 % des grands-parents gardent régulièrement leurs petits-enfants, à l'image de Martine, venue de Valenciennes et retraitée. "Les miens ont deux et cinq ans, je les ai souvent le mercredi, je dois trouver des idées pour m'occuper d'eux", explique cette ancienne agent SNCF, un calepin à la main.

En ce samedi matin de mai, ils sont une quinzaine de retraités à se présenter comme elle dans le hall minéral du Louvre-Lens, au coeur de l'ancien bassin minier, qui tente de dépoussiérer l'image des musées. "Ce n'est pas toujours facile de venir ici avec les enfants car ils ont des réactions fraîches, sans filtres. Le but est de trouver des astuces pour capter leur attention", raconte Marion Charneau, 29 ans, qui conduit ce "stage", gratuit, dont les premières séances  ont débuté en mars "afin de dédramatiser la venue au musée avec un enfant". 

Après un détour vers les réserves et le centre de documentation, le groupe se rend à la Galerie du temps, impressionnante salle où quelque 200 oeuvres sont classées par ordre chronologique, représentant un échantillon de plus de 5.000 ans d'histoire de l'art. "Face à tous ces objets, on peut être effrayé, la porte d'entrée est la description", abonde Marion.


Astuces


Devant une idole à la curieuse silhouette de la civilisation Halaf en Syrie (environ -3.500 avant J.C.), elle conseille aux retraités de demander aux enfants de décrire l'objet "comme s'ils avaient un copain qui avait un bandeau sur les yeux". Quitte à obtenir des réponses surprenantes : telle oeuvre est comparée à une cloche ou à un extra-terrestre.

"Peu importe, l'important est de libérer la parole, c'est un moment d'expression", dit-elle. Mais sans doute que le meilleur moyen d'éveiller les plus jeunes est de proposer la visite sous la forme d'un jeu : dénicher toutes les oeuvres où se trouve un animal ou une personne avec un chapeau. "Ça ressemble à un jeu de piste... mais sans courir!" lance-t-elle, déclenchant les rires des participants.

Quant aux tout-petits de deux ou trois ans, il est avisé de leur montrer des oeuvres monumentales ou avec des forts contrastes de couleurs, susceptibles de les impressionner. Tout en limitant la visite à 45 minutes. Face à un chef-d'oeuvre de Rubens ("Le roi Ixion trompé par Junon qu'il voulait séduire"), la médiatrice répond à la question de la nudité, fréquente chez les enfants. "La plupart des personnages sont des dieux et des déesses mais sont représentés sous un forme humaine alors qu'ils sont surhumains. Or les habits sont utilisés par les hommes, pas par les dieux et pour montrer leur beauté et leur force on n'a pas besoin de vêtements!" argumente-t-elle, convaincant son auditoire.

A la fin de cet atelier intitulé "l'art d'être grand-parents", beaucoup de séniors disent avoir retenu la "leçon". "Il faut présenter un tableau de manière différente et trouver des astuces pour le leur faire regarder, en axant par exemple sur les couleurs", résume Gabriel Vittu, ancien pédiatre de 67 ans, venu de Lille, qui s'occupe régulièrement de ses sept petits-enfants.


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