Chiffres en légère hausse, classement flatteur : le Louvre-Lens redore son blason, mais a encore quelques progrès à faire.
Troisième musée le plus visité de France, hors région parisienne. Le Louvre-Lens a un nouvel argument pour contrer les polémiques. Il se classe juste derrirèe le MuCem de Marseille et le musée des Confluences de Lyon.Retour en arrière : en août 2016, Jean-Michel Tobelem, spécialiste de l'économie des musées, publie dans le journal Le Monde une tribune sur le jeune musée du bassin minier. "Si l’on se réfère aux objectifs fixés […] – à savoir la démocratisation culturelle et le développement local –, on peut évoquer la possibilité d’un échec." écrit-il alors.
"L'effet lune de miel"
Ils sont 445 000 visiteurs à avoir franchi les portes du Louvre-Lens en 2016. C’est 2.15% de plus que l’an dernier. Mais encore en deçà de l’objectif initial : 500 00 visiteurs annuels.Le musée avait pourtant soigné ses opérations de conquête dans et hors les murs : présence régulière de scolaires, communication envers les familles, dans les centres commerciaux et même dans les prisons.
En mars 2015 encore, une animatrice du Louvre-Lens menait un projet de frise égyptienne avec un groupe de détenus de Maubeuge.
Selon Marie Lavandier, la directrice du musée, parler d’échec n’est pas justifié. "On connait très bien dans les musées ce qu’on appelle "l’effet lune de miel". On ouvre : il y a un monde absolument fou, même très-au dessus des objectifs. Puis, ensuite, pendant quatre ou cinq années, la fréquentation baisse, puis se stabilise à un niveau honorable".
Manière de réclamer un délai avant de pointer du doigt le Louvre-Lens, inauguré en 2012 seulement
Un manque de démocratisation
Elle rappelle également l’attractivité internationale du musée : deux visiteurs sur dix sont étrangers, avec, par exemple, quatre japonais par jour en moyenne.52% des visiteurs viennent tout de même des Hauts-de-France. Ce public essentiellement régional a permis au Louvre-Lens de moins souffrir de "l’effet- attentats" qui a frappé les musées parisiens.
Cependant, le public manque de diversité. En 2015, la destination Autour du Louvre-Lens, créée par la Mission Louvre-Lens tourisme, réalise une enquête auprès de 600 visiteurs du musée et des principaux acteurs culturels de la région (Lewarde, le musée des Beaux-Arts d’Arras et Notre Dame de Lorette).
Parmi eux, seulement 1% d'ouvriers. Ils représentent pourtant 30% de la population du Nord-Pas-de-Calais, et 31% en Picardie (chiffre : Observatoire des inégalités, 2012). Quant aux agriculteurs et marins-pêcheurs, ils représentent 0.5% du public rencontré au cours de cette enquête.