La députée Barbara Pompili, co-présidente du groupe écologiste à l'Assemblée, quitte Europe Écologie-Les Verts (EELV) sur fond de division. Elle voulait une union à gauche pour contrer le FN dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
L'hémorragie se poursuit à Europe Ecologie-Les Verts (EELV): après Jean-Vincent Placé et François de Rugy, c'est au tour de Barbara Pompili, coprésidente des députés écologistes, de claquer la porte du parti, à moins de trois mois des élections régionales et alors que son groupe se déchire.
"J'ai décidé de reprendre ma liberté", a déclaré Mme Pompili, élue de la Somme, dans un entretien au Monde. Elle y dénonce "une stratégie de division de la gauche" qui "risque de nous orienter vers une victoire du Front national", après le choix mi-septembre des militants EELV de ne pas s'allier avec les socialistes pour les régionales en Nord-Pas-de-Calais/Picardie.
Mme Pompili, qui plaide dans sa région pour "une grande liste de toute la gauche", précise qu'elle ne rejoint pas pour l'heure Ecologistes!, le nouveau parti créé par les deux autres dirigeants parlementaires, François de Rugy et Jean-Vincent Placé. "Ce n'est pas ma priorité", dit celle qui avait adhéré il y a quinze ans aux Verts, tout en jugeant "avec sympathie" leur démarche qui va contribuer à ses yeux à "une refondation de l'écologie politique".
Réaction cinglante de Sandrine Rousseau, porte-parole d'EELV et chef de file pour les régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie: elle a stigmatisé auprès de l'AFP "les gens qui s'en vont en maîtrisant extrêmement bien la communication, en disant qu'ils sont obsédés par le fait qu'on fasse le jeu du FN".
François de Rugy, coprésident avec Barbara Pompili du groupe écologiste à l'Assemblée depuis 2012, a, lui, salué sur Twitter un "choix de cohérence, de clarté et d'honnêteté politique".
Je salue le choix de cohérence, de clarté et d'honnêteté politique de @barbarapompili #Ecologie #NPDCP #régionales https://t.co/qEj7eJZk1C
— François de Rugy (@FdeRugy) 30 Septembre 2015
L'élu de Loire-Atlantique avait initié la scission d'EELV en annonçant son départ le 27 août, imité le lendemain par le président du groupe au Sénat, Jean-Vincent Placé, dénonçant une "dérive gauchiste". Au Monde, Barbara Pompili a précisé qu'elle entendait "évidemment" rester à la tête du groupe écologiste, qui doit selon elle "s'extraire de toute soumission à un parti". Le groupe (18 membres) est divisé à parité entre partisans d'un retour au gouvernement et des alliances avec le PS, et défenseurs d'un rapprochement avec le Front de Gauche, dont Cécile Duflot.
Les députés écolos s'étaient accordés mardi sur une direction représentant les deux sensibilités. "Mme Pompili a rompu l'équilibre", a-t-on accusé dans l'autre camp.
'Enfant gâtée'
Le prochain rendez-vous sur le fonctionnement du groupe est "annulé vu l'incohérence et la malhonnêteté" de la coprésidente, a affirmé à l'AFP Danielle Auroi, voyant dans ce nouveau départ d'EELV "un caprice d'enfant gâtée de la politique". "Pourquoi cette annonce au beau milieu des négociations, même si ça n'est pas une surprise?" s'est étonné Noël Mamère, qui n'est plus membre d'EELV mais tient, comme l'ensemble des députés écologistes jusqu'alors, à ce que le groupe continue d'exister et "que l'on entende l'écologie politique".Un accord presse, alors que l'Assemblée s'apprête à examiner une avalanche de textes, dont les projets de budget, sur lesquels chaque sensibilité veut se faire entendre. Le maintien de Mme Pompili à la tête du groupe n'est "pas possible", jugent désormais certains, lassés du "petit jeu fatigant" de la succession de départs de cadres et même de candidats EELV aux régionales. Europe Ecologie-Les Verts, né d'un regroupement de plusieurs partis après le succès des élections européennes de 2009 et régionales de 2010, est profondément divisé depuis la décision prise en 2014 par Cécile Duflot et Pascal Canfin, les deux représentants écologistes au sein du gouvernement Ayrault, de ne pas participer au gouvernement de Manuel Valls.
Alors que le Parti socialiste organise mi-octobre un référendum pour l'unité de la gauche aux régionales, MM. de Rugy et Placé y participeront, pour "ouvrir, reparler aux citoyens", plaide ce dernier dans Paris Match. Il assure aussi "oeuvrer" à
conserver un groupe écologiste au Sénat, malgré des "discussions parfois vives".