Les déclarations de Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, sur la reprise des compétitions et la mise en place d'un confinement le week-end dans le Pas-de-Calais, en plus du couvre-feu, achèvent la pratique du football amateur dans la région.
Ils ne s'attendaient à rien mais sont quand même déçus. Voilà sans doute le sentiment de ceux qui animent le football amateur, joueurs, entraîneurs, présidents, après les déclarations de Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, rapportées par RMC le 3 mars. En effet, tout indique dans celles-ci que les championnats de football amateur, mis en pause depuis le mois d'octobre, ne reprendront pas.
"Ça va être extrêmement difficile de reprendre les compétitions parce qu'il semblerait qu'une circulaire nous demande de ne pas jouer au football pendant un mois. La date du 20 mars va être dépassée par la décision ministérielle à première vue. Je n'ai pas encore vu le texte mais je l'ai eu (le ministère des Sports, ndlr) au téléphone. De par le virus qui se développe dans la région parisienne et dans d'autres régions, je pense que le ministère va demander qu'on arrête le football", a déclaré celui qui est candidat à sa réélection.
Rappelons que si les joueurs de Ligue 1, Ligue 2 et National, plus ceux qui sont encore en lice en Coupe de France, peuvent encore connaître l'adrénaline de la compétition, dans les échelons inférieurs, le football ne se joue qu'à l'entraînement.
De par le virus qui se développe dans la région parisienne et dans d'autres régions, je pense que le ministère va demander qu'on arrête le football.
L'annonce, pas officielle mais officieuse, de Noël Le Graët n'a pas surpris Jean-Pierre Mehay, président de l'US Maubeuge, classé en Nationale 3. Il invite même les dirigeants à rompre l'indécision qui enfume la visibilité des clubs amateurs sur le long terme. "Il faut prendre une décision", demande-t-il en plaidant pour l'annonce d'une saison blanche, comme la précédente, afin de préparer la suivante dès à présent. Lui, comme son homologue du Touquet Athlétic Club Football Côte d’Opale, Cédric Ryssen, comprennent la décision de priver de football les amateurs étant donné la situation sanitaire.
En plus, reprendre la saison fin mars ne serait pas une solution possible pour le Maubeugeois. "Il faut au moins 3 à 4 semaines aux joueurs pour se remettre à niveau", explique-t-il. Ce laps de temps supplémentaire amenerait jusqu'au mois d'avril. Et impossible, d'avril à juin (soit une dizaine de semaines), de jouer la vingtaine de matches nécessaires pour terminer la saison. "Il ne sera de toute façon pas possible d'aller au bout de la saison", abonde Cédric Bettremieux, le président de la Ligue de football Hauts-de-France.
Couvre-feu et confinement, les freins à l'entraînement
Le président invite néanmoins "à ne pas confondre la compétition avec la pratique". Sous-entendu : même si la compétition ne rythme plus les week-ends, continuons à nous entraîner pour garder la forme et le plaisir du jeu, comme cela est possible depuis la fin du deuxième confinement. Même si cela doit se faire sans contacts comme le demande la FFF.
Mais sur le créneau de l'entraînement, les entraves vont crescendo pour les clubs, qui ne peuvent pas avoir de dérogation pour se dégourdir les jambes après 18h, heure du couvre-feu. "L'équipe première s'entraîne les mardis et les jeudis après-midi ainsi que le week-end. Mais, à cause de l'horaire, liée au couvre-feu, tous les joueurs ne peuvent pas se libérér en semaine. Sur les 22 joueurs, entre 12 et 14 sont présents", indique Jean-Pierre Mehay. Bref, pas vraiment inclusif mais pas vraiment nouveau puisque le couvre-feu à 18h a été mis en place à la mi-janvier.
En revanche, si le département de Maubeuge, le Nord, a échappé à un confinement le week-end, ce n'est pas le cas de son voisin du Pas-de-Calais. Pour les clubs du département, les prochains week-ends se feront sans entraînement. Cédric Ryssen, le président du club de football du Touquet, estime que la décision est surtout préjudiciable pour les enfants : "l'entraînement du samedi va devoir être annulé". Les seniors, qui pour beaucoup n'habitent pas la ville, avaient déjà abandonné l'entraînement, officiellement.
Au-delà du soucis immédiat de l'annulation des compétitions et des entraînements lié à l'épidémie, le président de ce club du Pas-de-Calais pointe un autre problème : "il y a une chute énorme du nombre de licenciés chez les enfants, avec qui on est en train de perdre le contact. Il va falloir penser à un changement de modèle".