Oeufs contaminés : l'affaire s'étend à la France et au Royaume-Uni

Le scandale des oeufs contaminés s'étend à d'autres pays européens. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour démasquer les responsables. 

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La France et le Royaume-Uni sont à leur tour touchés par la crise des oeufs contaminés au fipronil, après la livraison dans ces pays d'oeufs infectés par cet insecticide depuis les Pays-Bas.

"Modérément toxique"


L'ampleur du scandale est apparu au grand jour la semaine dernière aux Pays-Bas, où jusqu'à 180 élevages ont été mis à l'arrêt et des rappels massifs ordonnés alors que les taux de fipronil -une molécule qui a été utilisée pour éradiquer le pou rouge sur les poules- dépassaient, parfois largement, les seuils autorisés par la réglementation européenne.

En grande quantité, le fipronil est considéré comme "modérément toxique" pour l'homme par l'Organisation mondiale de la santé. Il est strictement interdit pour les animaux destinés à la consommation humaine.

La crise s'est ensuite propagée en Allemagne, en Suisse et en Suède, où des millions d'oeufs ont été rappelés et détruits. Malgré le fait qu'elles aient retenu leur souffle, France et Angleterre sont aussi touchés par le scandale. 

France, Royaume-Uni et Belgique concernés 


Un élevage de poules pondeuses du Pas-de-Calais est bloqué depuis le 28 juillet, et le ministère de l'Agriculture a averti que "treize lots d'oeufs contaminés en provenance des Pays-Bas" avaient été livrés en juillet à des entreprises de transformation alimentaire situées dans l'Ouest de la France.

L'Autorité britannique de sécurité alimentaire a reconnu pour sa par enquêter "en urgence" sur la distribution de ces oeufs au Royaume-Uni. "Le nombre d'oeufs [concernés] est très limité (21.000) et le risque pour la santé publique très faible" a tenu à préciser l'organisme.

En Belgique, 51 exploitations suspectées d'être contaminées étaient encore bloquées lundi, dont 22 élèvent des poules pondeuses.

"Une teneur faible en fipronil" a été détectée dans 21 de ces élevages, mais toujours bien en deçà des limites fixées par la réglementation européenne, a assuré l'Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca).

Supermarchés vides


"Des investigations sont menées dans ces établissements (...) pour évaluer la situation (les produits concernés et leur destination) et bloquer les produits incriminés à des fins d'analyses", selon cette source.

Certains éleveurs néerlandais frappés par la crise ont commencé à détruire leur cheptel.

Plus de 300.000 poules contaminées ont déjà été abattues, selon l'organisation agricole néerlandaise LTO.

Un à plusieurs millions de poules pondeuses pourraient connaître le même sort si les éleveurs estiment qu'il n'est plus rentable de les maintenir en vie, faute de débouchés pour les oeufs, a-t-elle prévenu dimanche soir.

Dans les supermarchés néerlandais, les étals d'oeufs étaient peu garnis, voire vides, après les retraits massifs des derniers jours. Le gouvernement de La Haye a promis un plan d'aide d'urgence alors que le secteur estime déjà les pertes à "plusieurs millions d'euros".

Des représentants des exploitations touchées aux Pays-Bas, en Belgique ou en Allemagne ont déjà annoncé qu'ils réclameraient des indemnités, une fois que les responsabilités auront été clairement établies.

Acheté en Roumanie 


Ces exploitations affirment avoir eu recours aux services de la société néerlandaise ChickFriend, spécialisée dans la désinfection d'élevages et soupçonnée d'avoir frauduleusement employé du fipronil dans un produit antiparasitaire commercialisé sous le nom de DEGA 16.

Des enquêtes pénales sont en cours, qui viseraient également le fournisseur belge Poultry-Vision, qui avait acquis de grandes quantités de fipronil en Roumanie, selon les médias.

La Belgique a reconnu qu'elle soupçonnait depuis début juin un "problème de fipronil dans le secteur avicole", mais n'en a informé ses pays voisins que le 20 juillet.

L'Afsca explique cette discrétion par le fait qu'elle était tenue de respecter le "secret de l'instruction".

Face aux critiques, notamment des autorités allemandes, le ministre belge de l'Agriculture Denis Ducarme a commandé un "rapport circonstancié" à l'Agence et promis de "faire la transparence la plus complète".
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