14 mesures du gouvernement pour sécuriser la chasse : dans l'Oise et la Somme, "la plupart des pratiques sont mises en place depuis plusieurs années"

Renforcer la formation et la sensibilisation des chasseurs, instaurer des règles de sécurité pendant la chasse, sanctionner plus durement les accidents… La secrétaire d’État à l’Écologie a annoncé, lundi 9 janvier, 14 mesures visant à rendre la chasse plus sûre.

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Le gouvernement a finalement abandonné l’idée d'instaurer une journée sans chasse, mais annonce, par la voix de Bérangère Couillard, la secrétaire d’État à l'Écologie, vouloir mieux encadrer la pratique. "L'objectif auquel je crois profondément est celui de tendre vers le zéro accident. (...) C'est une sécurité renforcée 7 jours par semaine que nous recherchons", a-t-elle déclaré.

L'objectif auquel je crois profondément est celui de tendre vers le zéro accident.

Bérangère Couillard, secrétaire d'Etat à l'Ecologie

Pour la saison 2021-2022, l'Office français de la biodiversité a recensé 90 accidents, des blessures corporelles liées à l'utilisation d'une arme de chasse, contre 80 la saison précédente. Parmi eux, huit mortels, dont deux avec des victimes non-chasseurs. "L'objectif auquel je crois profondément est celui de tendre vers le zéro accident", a indiqué la secrétaire d'État à l'Écologie, qui s'est rendue dans le Loiret pour dévoiler son plan.

Formation des chasseurs

Le gouvernement veut généraliser une formation à la manipulation pratique des armes pour l'ensemble des chasseurs. "Un chasseur sur deux devra être formé d'ici 2025 et tous les chasseurs devront l'être d'ici 2029", est-il indiqué dans le plan. Les organisateurs de battue (environ 200 000 personnes) auront l'obligation de recevoir une formation spécifique par les fédérations, rappelant notamment "les règles de sécurité et les enjeux de communication avec les riverains".

La fédération départementale de la Somme a accueilli favorablement cette mesure. "Au niveau national, la fédération de chasse a déjà initié la formation des chasseurs. Ce sont des rappels à la sécurité avec des situations d'accident ou de risques d'accident, des cours dispensés virtuellement. Les chasseurs ont dix ans pour suivre cette formation. Au départ, cela a été pris comme une contrainte, mais les cours sont tellement réalistes et bien faits que notre fédération est submergée de demandes", explique Hubert Seré, porte-parole de la fédération des chasseurs de la Somme.

Renforcer la sécurité

Concernant la sécurité, le gouvernement prévoit de créer, début 2023, "une contravention pour sanctionner l'acte de chasse sous l'emprise excessive de l'alcool, puis favorisera la création d'un délit par voie législative".

Selon une source gouvernementale à franceinfo, au-delà de 0,5 gramme par litre de sang (soit deux verres de vin), il sera interdit de chasser, sous peine de sanctions. "J'en suis ravi", avait commenté Willy Schraen, président de la fédération nationale des chasseurs. "On va enfin sortir du sketch des Inconnus, où les gens pensent qu'on est tous des alcooliques et des barbares. Il n'y a aucun problème." 

Pour les chasseurs de la Somme, même réaction : "On n'a rien contre un dépistage, même si aucun accident mortel n'a été causé par un taux trop élevé d'alcoolémie".

De son côté, Guy Harlé d'Ophove, président de la fédération des chasseurs de l'Oise, rappelle qu'il n'y a plus de banquets de chasse pendant la chasse. "Les chiffres parlent d'eux-mêmes, car sur dix ans, nous avons recensé 9% d'accident de chasse qui avaient révélé un taux d'alcoolémie positif du chasseur, sans être certain, d'ailleurs, que l'accident soit lié à l'alcool". 

Concernant les accidents graves, le gouvernement prévoit des sanctions renforcées, avec notamment la possibilité d'un retrait du permis de chasse pour une certaine durée avec interdiction de le repasser. "Nous manipulons des armes potentiellement dangereuses et létales. Il est donc nécessaire d'endosser cette responsabilité", soutient Hubert Seré.

D'après Guy Harlé d'Ophove, la loi a déjà renforcé la responsabilité des présidents de fédération. "Lorsqu'on est témoin d'un comportement irresponsable, lors d'une chasse, nous sommes en mesure de faire quitter la chasse à la personne et nous pouvons lui retirer son permis de chasse. Nous nous devons d'être intraitables". 

Une application de localisation

Enfin, pour mieux informer les promeneurs et autres usagers de la nature, une plateforme numérique sera mise en place à l'automne pour identifier les zones et les horaires non chassés. Les organisateurs de chasse collective auront l'obligation de s'y déclarer. Cette application devrait être disponible à l'automne et permettre à chaque Français "d'identifier les zones et horaires non chassés à proximité de chez lui".

Une mesure qui interroge les chasseurs. "Il faut plutôt faire une application où sont cartographiés les territoires sans chasse, avait réagi Willy Schraen sur franceinfoUne cartographie, c'est différent d'une application, surtout quand la moitié du territoire rural n'est même pas couverte par internet." 

Côté fédérations picardes, cette application s'avère inutile. "Cela me parait compliqué, car tout le monde n'a pas de smartphones. Et la chasse est déjà signalée par de grands panneaux. Les domaines privés, où chassent les propriétaires terriens, représentent 74% des domaines et dans les forêts domaniales, partagées avec les promeneurs, on ne chasse pas les dimanches et jours fériés", explique Guy Harlé d'Ophove.

Les fédérations de chasse sont d'ailleurs satisfaites de la décision du gouvernement d'annuler le projet d'une demi-journée sans chasse. Ce plan annoncé par le gouvernement a été bien accueilli par les chasseurs qui rappellent que ces mesures sont déjà mises en place depuis plusieurs années en France.

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