Arnaud Lepage est mort à Beauvais dans l'Oise dans la nuit du 23 au 24 septembre 2011 des suites d'un traumatisme crânien. Un videur de boîte de nuit, où la victime avait passé la soirée, a été mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Onze ans après, son procès n'a toujours pas eu lieu, au grand dam des grands-parents d'Arnaud.
La tombe d'Arnaud Lepage, dans le cimetière d'Airion dans l'Oise, est toujours fleurie. Alain et Raymonde Lejeune y veillent inlassablement. Mais onze ans après la mort de leur unique petit-enfant, justice ne lui a toujours pas été rendue. Et l'attente devient insupportable. "On pleure tous les jours et il n'y a personne, on nous ignore. Les victimes, on ne s'en occupe pas", se désole Alain Lejeune.
Un traumatisme crânien fatal
C'est au matin du samedi 24 septembre 2011, qu'un ami d'Arnaud Lepage fait la macabre découverte. Le jeune homme est étendu sur son lit, inanimé, dans sa chambre du foyer de jeunes travailleurs du quartier Saint-Jean à Beauvais dans l'Oise. Il décèdera quelques heures plus tard. Il n'avait que 19 ans. L'autopsie révèlera qu'il a succombé à un violent traumatisme crânien.
La veille, Arnaud avait passé la soirée à la discothèque le Calypso en compagnie de sa copine et d'un couple d'amis. Selon son entourage, il aurait cassé un verre et un videur se serait énervé. Le vigile aurait alors frappé Arnaud à plusieurs reprises, avant de le reconduire vers la sortie.
"Il a eu la tête balancée sur une porte en acier par le videur. Ça ne fait plus aucun doute pour les légistes, Arnaud est décédé des séquelles de ses coups", affirme Raymonde Lejeune.
Le videur de la discothèque clame son innocence
Dans la nuit, sur le chemin du retour, Arnaud se serait plaint à ses amis de douleurs au thorax et de gène respiratoire.
Après deux mois en détention provisoire, le videur, qui a toujours nié l'altercation et clamé son innocence, est mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Les "délais déraisonnables" de la justice
Un juge ordonne deux reconstitutions au Calypso en 2013 et l'instruction est clôturée en 2016. Mais une lettre anonyme relance les investigations. Il y a deux ans, l'affaire est finalement renvoyée devant les assises de l'Oise.
Pourtant, en ce début d'année 2023, malgré un courrier envoyé au Garde des Sceaux, les grands-parents d'Arnaud restent toujours dans le brouillard judiciaire.
Une situation qui indigne leur avocat Me Philippe Meilhac : "Au-delà de ces délais déraisonnables auxquels l'institution judiciaire nous habitue [...], il y a une carence dans l'information".
Un procès en 2023 ?
Un espoir réside dans la tenue d'un procès en fin d'année avec l'arrivée des cours criminelles départementales.
Sans jury populaire, composées de cinq magistrats professionnels, elles ont pour but d'accélérer le processus judicaire et ainsi éviter des attentes désespérées.