Les deux agresseurs présumés de Rudy, un jeune handicapé frappé violemment à Saint-Maximin en octobre dernier, comparaissaient devant le tribunal pour enfants de Senlis mardi 3 janvier 2023. Le procès a fait l'objet d'un renvoi au 6 mars prochain.
La vidéo avait fait le tour des réseaux sociaux. Mardi 4 octobre, les images montrant l'agression d'un lycéen par plusieurs jeunes a été massivement relayées sur Twitter, en grande partie par l'extrême-droite.
Le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye s'était dit "profondément choqué" au moment des faits. Depuis, la mère et la victime a porté plainte. Le procès des deux agresseurs présumés devait avoir lieu mardi 3 janvier 2023.
"On finira bien par t'avoir à un moment"
La victime s'appelle Rudy. Il s'agit d'un lycéen handicapé de 16 ans scolarisé en terminale au lycée professionnel Donation Robert et Nelly de Rothschild, à Saint-Maximin (Oise).
La vidéo, d'une extrême violence, le montre en train de recevoir des coups de poing et de pied au corps et à la tête.
Dans notre article publié le 5 octobre, sa mère expliquait que son fils souffrait d'un trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) "avec impulsivité et il a un pied plat valgus". Suivi par une auxiliaire de vie scolaire et par l'Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP), il est en CAP agent de sécurité.
Selon elle, ce n'était pas la première fois que le jeune adolescent subissait des insultes et des menaces. Il aurait été traité de "sale handicapé", de "canard boiteux" notamment. Sa mère avait déjà signalé les insultes au lycée.
Comme mon fils est impulsif et qu'il lui est déjà arrivé de répliquer quand des jeunes l'ont cherché, on me répond que certes, il est victime, mais qu'il ne fallait pas qu'il se défende.
Mélodie LongchampsLa mère de Rudy
"Handicap ou pas, personne ne mérite ça"
Durant leur garde à vue, les agresseurs présumés ont expliqué, de leur côté, avoir réagi en réaction à des propos racistes. Passés en conseil de discipline, ils ont été sanctionnés par le lycée. Suite à la plainte déposée par la mère et son fils, une enquête pour violences aggravées a été ouverte.
Depuis cette agression, Rudy a changé d'établissement. "J'ai eu peur", a-t-il lancé, en voyant deux de ses agresseurs présumés entrer dans le tribunal. "Il a eu du mal à y entrer quand il les a vus, mais je pense qu'il a besoin de ça pour tourner la page", a renchérit sa mère.
J'espère qu'il y aura une punition pour que Rudy, ou même les autres enfants qui subissent ça, comprennent que c'est pas bien. Il ne faut pas que ça recommence.
Mélodie LongchampsLa mère de Rudy
À ce stade, elle ne comprend toujours pas cette agression. "Je ne la conçois pas, explique-t-elle en pointant du doigt le fait que les agresseurs présumés disent ne pas se connaître alors qu'ils "sont dans la même classe". Elle y voit une façon pour eux de "se protéger les uns des autres".
Rudy reste "profondément marqué" par les violences subies. Le jeune homme est toujours poursuivi par deux psychologues.
Le dossier du procès a fait l'objet d'un renvoi au 6 mars 2023 "en raison de la tardiveté de l'évocation du dossier", précise Maître Mailleau, l'avocat de la victime.
Deux autres agresseurs présumés comparaîtront la semaine prochaine devant le tribunal de Beauvais pour une autre agression relayée également dans une vidéo sur les réseaux sociaux.