À l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement jeudi 10 novembre, le chanteur originaire de l’Oise, Hazerka s’est rendu à l’Epide de Doullens pour échanger avec les élèves et enseignants de l’établissement et les sensibiliser à la cause.
"Au collège, je rêvais d’être footballeur". C’est ainsi que Hazerka débute le récit de sa vie face à une soixantaine d’étudiants de l’Établissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide) de Doullens dans la Somme, en ce jeudi 10 novembre.
Après avoir intégré en classe de sixième un centre de formation à Chantilly dans l’Oise, le rêve du jeune Marving Darmon de son vrai nom, se transforme rapidement en cauchemar : "On m’appelait le binoclard, le boutonneux, la calculatrice… Je me suis renfermé". Le harcèlement débute alors et plus d’une dizaine d’années plus tard, l'artiste picard en garde toujours des séquelles : "On me menaçait de me tuer. Un jour, j’ai reçu 32 coups de crampons. Depuis, j’ai un bras paralysé", raconte-t-il devant une audience attentive.
Pendant près d’une heure et demie, le récit et les échanges avec les étudiants et les enseignants se sont poursuivis. Engagé contre le harcèlement scolaire, qu’il a lui-même subi, Hazerka intervient régulièrement dans les établissements scolaires pour raconter son histoire et sensibiliser à la cause.
41 % des Français ont déjà subi du harcèlement scolaire
En France, selon le ministère de l’éducation, en CM1-CM2, 2,6 % d’élèves subissent des atteintes répétées qui pouvant être apparentées à du harcèlement. Au collège, 5,6 % d’élèves en sont victimes et au 1,3 % au lycée. Une étude IFOP de 2021 donne quant à elle un chiffre marquant : 41 % des Français indiquent avoir subi au moins un acte de violence verbale, physique ou psychologique répétée et continue dans le contexte scolaire.
Un harcèlement qui désormais peut également prendre la forme de messages haineux et menaçants sur les réseaux sociaux. "Sur Internet, le harcèlement est si simple", ajoute Hazerka, confiant recevoir lui-même des centaines de messages de haine sur les réseaux sociaux.
Oser en parler
Pour se reconstruire, Hazerka le répète, "il faut communiquer. Parler, c’est la meilleure des armes". Lui, a utilisé l’écriture et la musique comme exutoire. "J’ai commencé à écrire sur un blog et j’ai reçu beaucoup de soutien. En écrivant, je fédérais une communauté", raconte-t-il. Sur les réseaux sociaux, le jeune homme de 27 ans est suivi par plus d’un million de personnes. Une communauté avec laquelle il échange régulièrement sur le harcèlement scolaire.
En 2014, le Picard part en studio et sort son premier single Seule, dont le texte raconte le harcèlement subi par une jeune adolescente de 15 ans. Le clip totalise aujourd’hui plus de 2 millions de vues. En 2020, le jeune homme de 27 ans, publie un livre Plus jamais seul – journal d’un collégien harcelé (éditions Les Arènes). Il y raconte son enfance difficile, marquée par l’absence de son père et les moqueries de ses camarades.
Plus récemment, en novembre 2022, il publie une BD, Hazerka, des larmes au succès (éditions Jungle) retraçant là encore son parcours. "Le harcèlement peut commencer dès l’enfance, la publication d’une BD permet de toucher une audience plus jeune", explique-t-il.
Ils ne sont pas plus forts que vous, je m’en suis rendu compte bien trop tard.
Hazerka, chanteur et auteur picard
Face aux élèves de l’Epide de Doullens, Hazerka a su créer le temps d’un instant, un espace de pure bienveillance lors duquel certains ont eu le courage de se confier. "J’ai fait une tentative de suicide. Depuis, je souffre d’anxiété sociale", témoigne un jeune étudiant d’à peine 17 ans. "J’ai subi de la violence en primaire et par frustration, j’ai reproduit cette même violence sur d’autres", confie un autre.
Le harcèlement scolaire, un délit
Depuis le mois de mars 2022, le harcèlement scolaire est reconnu comme un délit pouvant être puni jusqu’à 10 ans de prison et 150 000 € d’amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime harcelée. Depuis 2015, une journée de lutte contre le harcèlement scolaire est organisée chaque année en novembre. "La journée nationale contre le harcèlement scolaire ne dure que 24 heures. J’aimerais qu’on aille plus loin et que le harcèlement soit entendu toute l’année. Qu’on en parle tous les mois et sensibiliser dès le plus jeune âge. Que ça rentre dans une matière, un créneau horaire".
Témoins ou victimes de harcèlement scolaire ? Vous pouvez appeler le 3020, le numéro d’écoute gratuit d’aide aux victimes de harcèlement ou le 3018, pour les situations de cyberharcèlement.