Vendredi 26 mars, Victor Habert Dassault était en visite dans une entreprise de Saint-Just-en-Chaussée. Un début de campagne assumé après avoir été investi par le parti Les Républicains pour être candidat député à la place de son oncle Olivier Dassault décédé dans un accident le 7 mars dernier.
Devant les journalistes, vendredi 26 mars à Saint-Just-en-Chaussée dans l'Oise, le pas est hésitant. À la demande de l'un de nos confrères du Courrier Picard, le jeune avocat de 28 ans se présente : "Je suis Victor Habert Dassault". Histoire qu'il n'y ait pas de confusion sur le nom de famille.
Depuis l'annonce de sa candidature lundi 22 mars à la succession de son oncle en tant que député, Victor Habert Dassault ne fait pas l'unanimité. Qu'à cela ne tienne, il est déjà en campagne. "C'est un climat particulier, mais j'y vais avec beaucoup de détermination et avec l'idée que : passer à l'action, c'est aussi défendre la mémoire de mon oncle", confie-t-il.
Pour sa première visite, il a donc choisi l'entreprise AQLE, spécialisée dans le câblage de cartes électroniques pour l'aéronautique. "C'était important pour moi de commencer par cette entreprise, que mon oncle a énormément soutenue, il s'y rendait régulièrement. D'ailleurs tous les salariés nous ont beaucoup soutenus dans cette épreuve que nous avons traversée."
L'héritier de la famille
Le 7 mars dernier, le député de la 1re circonscription de l'Oise, Olivier Dassault, décédait dans un accident d'hélicoptère à Touques près de Deauville, provoquant l'émotion de la classe politique. Seul candidat à sa succession, son neveu Victor Habert Dassault, officiellement investi par le parti Les Républicains mercredi 24 mars.
Dans l'Oise, personne ne le connaît. Seule distinction, le fait qu'il appartienne à la famille Dassault. Avant lui, son oncle fut député de la première circonscription de l'Oise durant 19 ans. Et encore avant lui, son arrière-grand-père, Marcel Dassault a occupé la même fonction durant plus de 27 ans.
Une candidature précipitée selon certains élus
L'annonce de sa candidature, alors qu'une élection législative partielle reste incertaine compte tenu de la crise sanitaire, a provoqué de nombreuses réactions. À commencer par la présidente du département de l'Oise, Nadège Lefebvre. "À mon sens, il s'agit d'une décision prématurée et précipitée, a-t-elle déclaré. Précipitée, car elle intervient à quinze jours seulement des obsèques alors que l'Oise est encore sous le choc de cette disparition. Précipitée, car aucune date d'élection partielle n'a encore été fixée. Précipitée, car aucune concertation avec les élus du territoire n'a été réellement engagée avant cette désignation."
Olivier Paccaud, sénateur de l’Oise, ex-suppléant et attaché parlementaire d’Olivier Dassault, partage le même sentiment. "Olivier est à peine inhumé, le deuil n'a pas cessé, les larmes n'ont pas séché, l'heure de la succession n'a pas sonné car des élections ne sont pas proclamées, que déjà certains veulent le dépouiller, lui voler son écharpe tricolore sur son cercueil. C'est indigne. C'est indécent."
Pour le sénateur, qui exclut toute ambition personnelle, c'est un problème de timing, mais aussi de "casting". "Le candidat investi ne vit pas dans l'Oise, ne connaît pas l'Oise et n'a aucune expérience électorale ou de gestion d'une collectivité", ajoute-t-il.
"Un mandat ne s'hérite pas, il se mérite"
Sur ce point précis Victor Habert Dassault se défend. "Je ne suis pas né ici, mais j'ai une histoire familiale, j'ai été imprégné par ce territoire à travers les discours, les récits, la mémoire de mes grands-parents et de mon oncle. Je porte l'Oise dans mon cœur", affirme-t-il.
Frans Desmedt, maire de Saint-Just-en-Chaussée et soutien du candidat, prend le relais : "J'ai appelé plus d'une trentaine de maires, de nombreux conseillers départementaux, je peux vous dire que ce n'est pas l'impression que certains donnent. Les Dassault sont très implantés sur notre territoire. Ils ont aidé tout le monde."
"Ce ne sont pas les échos que j'ai, rétorque Olivier Paccaud. L'Oise, c'est 619 communes, la première circonscription c'est 153 communes. L'immense majorité des élus sont surpris, désorientés. Certains se disent même écœurés, dégoûtés. Il y a aussi beaucoup de scepticisme, de doutes par rapport à la façon dont les choses se déroulent. On méprise un petit peu le peuple. En 2021, les mots héritage et parachutage passent mal. Un mandat ne s'hérite pas, il se mérite. Ce n'est pas ce qu'aurait voulu Olivier Dassault", conclut-il.