Depuis mi-mars, les éditions départementales Oise et Ile-de-France du Parisien ont été réduites à un seul cahier commun. Alors que les journalistes pensaient retrouver leurs éditions locales avec le déconfinement, la direction a annoncé ne pas vouloir les rétablir pour le moment.
"Pour le moment, on ne sait rien." Devant le siège de la rédaction ce jeudi 4 juin, Gwenael Bourdon, journaliste au Parisien Seine-Saint-Denis et déléguée syndicale SGJ-FO, ne cache pas son inquiétude. Elle et d'autres journalistes se sont rassemblés pour demander le retour des cahiers départementaux du journal, en plus du dégel des recrutements et des remplacements et de l'arrêt du chômage partiel. "La rédaction a reçu les délégués syndicaux de l'entreprise mercredi soir, mais on a eu aucune réponse concernant nos revendications."
Depuis mi-mars, un seul cahier commun rassemble des articles des journalistes présents dans les départements de l'Oise et d'Ile-de-France, au lieu des neuf habituels. "Un seul cahier commun, qui n'offre pas du tout la même information locale que les éditions départementales sous leur forme classique", précise Gwenael Bourdon.
Vous y apprenez le pire et le meilleur. Vous nous appelez à toute heure du jour et de la nuit. Vous nous pourrissez parfois, vous nous rappelez souvent. Soutenez les éditions départementales du #Parisien. #MonEditionLocalehttps://t.co/iiSJ9IA5aV
— Gwenael Bourdon (@GwenaelBourdon) June 3, 2020
Avec la crise sanitaire et la fermeture de plusieurs points de vente, la direction a pris la décision de réduire l'information locale du journal, le temps d'un retour à la normale. "Pour tous les journalistes, il était évident qu'à la fin de cette crise sanitaire, ils retrouveraient leurs cahiers départementaux classiques", explique la journaliste. Or, il n'en est rien.
"La direction nous a expliqué qu'elle ne voyait pas de raison de rétablir ces cahiers départementaux, en tout cas pas dans l'immédiat, puis ensuite pas avant septembre", ajoute Gwenael Bourdon. Une aberration pour les journalistes des rédactions locales, qui apprennent en parallèle que le second tour des municipales se tiendra le 28 juin. "Il semblait d'autant plus naturel que ces cahiers départementaux reviennent pour couvrir cet événement démocratique majeur."
Un projet éditorial présenté mi-juin
Le groupe Les Echos-Le Parisien, dont la perte de chiffre d'affaire entre mars et mai est estimée à 36 millions d'euros, réfléchit à une nouvelle formule.
"On nous a parlé d'un projet éditorial censé être présenté à la mi-juin aux gens de la rédaction. Jusqu'ici, on n'avait jamais entendu parlé de ça", explique Gwenael Bourdon. Un projet tourné vers le numérique ? Une suppression des locales ? "On ne sait rien, répond-elle. On a demandé des garanties sur le maintien des emplois, on a pas eu de réponses très claires. La direction nous dit d'être patients, qu'il faut attendre mi-juin, que l'on va nous présenter un projet éditorial qui va séduire tous les journalistes."
Sceptique, la déléguée syndicale estime plutôt que : "moins on en sait, plus on a le sentiment que le projet que l'on nous prépare va avoir des conséquences assez lourdes."
Une assemblée était prévue ce jeudi à midi afin de décider de la suite. Une grève est notamment envisagée si aucun accord n'est trouvé.
L'information locale en danger ?
Pour les journalistes, la réduction des pages locales, c'est tirer un trait sur l'information de proximité pourtant essentielle. "C'est celle par laquelle tout commence. Les lecteurs la souhaitent parce qu'ils veulent savoir ce qui se passe à côté de chez eux et c'est celle qui fait l'étincelle", confie ce jeudi matin Aymeric Renou, délégué syndical SNJ au Parisien, à nos confrères de France Bleu.
Dans une pétition, ordonnant un retour des cahiers départementaux, mise en ligne mardi, les journalistes évoquent l'importance de ces pages spéciales. "Elles ont toujours été le socle de ce journal. N’oublions pas qu’en dehors du numérique, le seul média papier destiné au grand public et à couvrir l'actualité locale de la région, ce sont les cahiers départementaux du Parisien. La crise du Covid-19 ne peut justifier la disparition de l’information locale."
Une position soutenue par plusieurs élus de l'Oise, comme le sénateur Jérôme Bascher, ou la sénatrice et ancienne ministre Laurence Rossignol. "L'édition départementale du Parisien Oise, c'est le miroir de la vie locale, avec ses richesses et ses débats", écrit-elle sur Twitter.
Le journal @le_Parisien veut supprimer les éditions départementales notamment @LeParisien_60 : la.PQR doit continuer à exister.
— Jérôme Bascher (@JeromeBascher) June 2, 2020
J’ai signé! L’édition départementale @LeParisien_60 c’est le miroir de la vie locale, avec ses richesses et ses débats.
— Laurence Rossignol (@laurossignol) June 4, 2020
Pour un retour immédiat des éditions départementales du Parisien - Signez la pétition ! https://t.co/FOXxfPnpd6 via @ChangeFrance
L'édition Oise du Parisien, c'est 60 ans d'information locale. Elle a été créé en 1960 par le fondateur du journal, Emilien Amaury, bien avant l'édition Ile-de-France. Ses trois agences sont situées à Creil, Compiègne et Beauvais. Elles rassemblent aujourd'hui au total une vingtaine de salariés.