Les importantes coupes budgétaires prévues au niveau des départements et des communes, liées au projet de loi de finances 2025, inquiètent ceux qui dépendent des collectivités locales. Parmi eux, les acteurs du monde social et solidaire. Ils doivent faire face à l'augmentation de plusieurs coûts et à la revalorisation des salaires.
Les coupes budgétaires des collectivités locales annoncées, dans le cadre du projet de loi de finance 2025, inquiètent les acteurs du monde social et solidaire. À Lamorlaye, dans l'Oise, chaque matin, le personnel du centre social accueille les enfants dès cinq heures du matin. Le service permet ainsi d'aider les parents qui commencent tôt la journée. Les animatrices s'occupent de tout pour que les petits soient prêts pour l'école.
Plus de 300 familles bénéficient de ces services. Et le centre emploie 43 personnes, dans un secteur qui peine à recruter. Alors, dans toute la France, les salaires ont été augmentés. Émeline Michel, auxiliaire de puéricultrice à Lamorlaye, fait ce constat. La revalorisation du salaire "nous a fait du bien" mais dans "la petite enfance, on n’est pas super bien payé. Après, j’estime que ce sont des métiers de vocation [...] Je pense qu’on mériterait d’être mieux payé et mieux considéré."
Un secteur dépendant des collectivités locales
Les salaires représentent 87 % du budget du centre social, rapporte Marie-Pierre Maynadier, présidente du centre social de Lamorlaye. En plus de cette charge salariale, le centre ouvert toute la journée, doit chauffer et nourrir les enfants. Or, l'inflation de l'énergie et de certains produits alimentaires ont mis à mal l'équilibre budgétaire. La présidente témoigne des difficultés du centre : "Nous avons eu un déficit budgétaire parce que 2023 et 2024 ont été très difficiles [...] Deux actions en même temps sur la même année, ça a été dur pour nous."
Ces centres sociaux dépendent principalement de la CAF et des collectivités locales (département, mairie...) qui prennent en charge une grande partie du service. Les parents contribuent aussi, mais en fonction de leurs revenus. Avec les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement, les employeurs de ce secteur craignent une catastrophe.
15 600 emplois potentiellement concernés dans les Hauts-de-France
Christophe Bertin, délégué régional de l'Union des employeurs de l'économie sociale (UDES) et solidaire, expose : "On a un double effet. Plus de charges et moins de financement. Aujourd'hui, on l'évalue à 8 milliards d'euros en France. La région (Hauts-de-France) représente globalement 10% de la France. Donc, si on supprime 186 000 emplois en enlevant 8 milliards d'euros sur l'ensemble de nos activités, clairement, il y a 15 600 emplois dans la région Hauts-de-France qui sont concernés aujourd'hui."
C'est l'accompagnement de personnes en moins et donc la cohésion en moins sur les territoires.
Christophe BertinDélégué régional de l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire
Au total, il estime à 7,7% d'emplois en moins pour la région dans ce secteur, qui sont plus que de simples collaborateurs. "C'est l'accompagnement de personnes en moins et donc la cohésion en moins sur les territoires. Et à terme, des difficultés et une augmentation des inégalités entre les personnes."
Dans les Hauts-de-France, 250 000 personnes travaillent dans l'économie sociale et solidaire. À Lamorlaye comme ailleurs, on craint ainsi de devoir supprimer des emplois pourtant essentiels dans le fonctionnement des territoires. Le projet de loi de finances doit être examiné par le Sénat à partir du 25 novembre prochain jusqu'au 12 décembre.
Avec Claire-Marine Selles / FTV