Selon un rapport publié mercredi 9 novembre, le diocèse de Beauvais dévoile que 24 prêtres de l'Oise sont mis en cause pour abus sexuels. Ces suspects, dont 17 sont aujourd'hui décédés, ont été identifiés grâce aux témoignages de 50 victimes isariennes.
C'est "abasourdi et profondément attristé" que le diocèse de Beauvais a rendu public mercredi 9 novembre le rapport d’activité 2021-2022 de sa cellule accueil-écoute contre les abus sexuels perpétrés au sein de l'Église. Ce bilan recense dans l'Oise 50 victimes et 24 prêtres "mis en cause pour des faits de pédocriminalité".
Dix-sept de ces religieux sont aujourd'hui décédés. Parmi les sept autres suspects encore vivants, "quatre résident dans l’Oise et n’ont plus aucune charge pastorale" précise le diocèse dans son rapport.
Un premier rapport annuel, avant d'autres
Ce rapport du diocèse de Beauvais fait suite à la publication, en octobre 2021, de l'enquête de la Commission indépendante contre les abus sexuels dans l'Église (Ciase) qui fait état de ces violences au sein de l'Église catholique en France de 1950 à 2020 et émet des recommandations pour soutenir les victimes.
Dans ce but, l'évêque Monseigneur Jacques Benoît-Gonnin a organisé cinq rencontres, dont trois publiques, pour proposer aux participants "d'exprimer leurs interrogations, leur désarroi, leur révolte et leurs attentes" face à ces crimes et délits. Ainsi, depuis le rapport de la Ciase, "dix nouvelles victimes se sont signalées" dans l'Oise. Trois sessions de trois jours à Trosly-Breuil (octobre 2021, novembre 2021 et mars 2022) ont ensuite permis d'accueillir les témoignages des victimes et identifier les prêtres suspects.
La cellule accueil-écoute contre les abus sexuels, mise en place dès 2016 par le diocèse beauvaisien, livre là un premier rapport voué à avoir des suites : Mgr Jacques Benoît-Gonnin souhaite qu'un tel bilan soit diffusé chaque année, "pour rendre publics les travaux de diverses instances, dans ce domaine de lutte contre les abus."
L'Église reconnaît sa responsabilité
Un mois après la publication de l'enquête de la Ciase, les évêques de France réunis à Lourdes avaient alors reconnu "la responsabilité institutionnelle de l'Église catholique" dans ces violences, leur dimension systémique et "le devoir de justice et de réparation" dont elle doit à présent faire preuve à l'encontre des victimes.