"La prison n'a jamais été aussi remplie" : après un transfert de détenus, le centre pénitentiaire de Beauvais au maximum de sa capacité d'accueil

À la suite du transfert de 16 détenus de la prison de Rouen (Seine-Maritime) vers celle de Beauvais, le jeudi 8 février, le centre pénitentiaire isarien, est désormais au maximum de sa capacité d'accueil théorique de 700 places. Un transfert réalisé en urgence en raison d'un risque d'effondrement d'un mur de l'établissement rouennais.

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C'est une première dans l'histoire du nouveau centre pénitentiaire de Beauvais ouvert en 2015. "La capacité totale du centre pénitentiaire de Beauvais a atteint ses limites, avance Joris Ledoux, secrétaire Ufap-Unsa Hauts-de-France, on a une capacité d’accueil de 700 détenus et nous arrivons à ce chiffre tout simplement."

En effet, avec l'arrivée jeudi 8 février de 16 personnes transférées de la prison de Rouen (Seine-Maritime), le nombre de détenus grimpe à 696. "La prison de Beauvais n'a jamais été aussi remplie" constate le syndicaliste.

Risques d'affaissement 

L'établissement rouennais, ouvert en 1860, présente "des signes de fatigue" et "des risques d'affaissement structurel". La possibilité d'effondrement d'un mur d'enceinte poreux a motivé le transfert des détenus, "ils ont été obligés de transférer des détenus un peu partout aux alentours", abonde Joris Ledoux. 

Une quarantaine de détenus a été transféré dans d'autres prisons, mais d'autres expertises sont attendues dans les prochaines semaines par l'établissement. En fonction des conclusions, de nouvelles évacuations pourraient être décidées au mois de mars. 

Un transfert loin d'être le seul puisque le centre pénitentiaire de Beauvais reçoit régulièrement des détenus venus de la maison d'arrêt d'Amiens. "Entre 5 à 6 par semaine, précise le syndicaliste, et cela, encore jusqu'à la fin du mois. Sans compter les écrous qu'il y a par le biais du passage aux tribunaux."

"On s'attend au pire"

"On parle du centre pénitentiaire de Beauvais, mais d’autres établissements ont dépassé cette capacité depuis bien longtemps, nuance Joris Ledoux, à la maison d’arrêt d’Amiens, ils sont à plus de 200 % du taux d’occupation." Au 1er janvier 2024, la densité carcérale de la prison de Beauvais était de 108,5 % contre 201 % à la maison d'arrêt de Béthune (Pas-de-Calais) ou encore 163 % au centre pénitentiaire de Laon (Aisne).

Une situation qui pourrait évoluer dans les mois à venir en raison des Jeux olympiques : "on craint l'afflux massif de détenus si les autorités font le ménage au sein de nos villes, avance Joris Ledoux de l'Ufap-Unsa Hauts-de-France, avec les Jeux le gouvernement va vouloir faire place nette entre guillemets. On s'attend au pire."

Manque de personnel

Si le nombre de détenus augmente, celui du personnel baisse. L'effectif de référence de la prison est fixé à 237 agents, "en réalité, nous sommes 196 moins quelques collègues détachés, ça nous en fait 179, comptabilise Joris Ledoux, et je ne parle pas des arrêts maladie."

Sur l'ensemble de la région Hauts-de-France, il manquerait plus de 300 agents d'après le syndicaliste. "C'est vraiment critique, on a un gros problème pour recruter." Un déficit de personnel en lien avec un manque d'attractivité du territoire et du métier. "Nous n'arrivons pas à recruter, on essaye de trouver des solutions, mais c'est le cercle vicieux, commente le syndicaliste, quand vous avez des agents qui cumulent, ça engendre des pathologies pour certains."

Contactée, la direction régionale des prisons n'a, pour le moment, pas répondu à nos sollicitations.

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