Lancer de colis pour les détenus : comment la prison de Béthune se barricade pour contourner le phénomène

Un an après avoir interpellé le ministre de la justice au sujet des colis lancés dans la prison depuis l’école, la députée Caroline Parmentier s’est rendue à Béthune ce vendredi 17 novembre pour constater le début des travaux. Construits grâce à une enveloppe de 800 000 euros, les aménagements doivent décourager le lancement et la réception des paquets.

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Les travaux doivent commencer très prochainement. Avec une enveloppe de 800 000 euros accordée par le ministère de la justice, la municipalité de Béthune doit notamment procéder au remplacement des grilles des fenêtres des détenus et à l’installation de grillages opaques. L’objectif est d’empêcher les lanceurs, souvent des adolescents, de projeter des colis dans la cour de promenade de la maison d’arrêt. Les travaux viendront renforcer les dispositifs déjà mis en place du côté de l’école.

Des dizaines de paquets par jour

Ce sont des dizaines de paquets qui sont jetés chaque jour en direction de la prison de Béthune. « Le lieu privilégié des lanceurs, c’est le toit de l’école élémentaire voisine », explique le maire de la commune, Olivier Gacquerre. Un phénomène qui perturbe le cours de l’enseignement : « les enfants se retrouvent confrontés à des individus cagoulés qui font intrusion dans leur cour de récréation » renchérit l’élu.

Valérie, responsable de cantine, explique parfois se retrouver nez à nez avec les intrus : « ça nous est déjà arrivé de devoir confiner les enfants pendant le service du midi », confie-t-elle. Désormais, elle pourra être rassurée par un tout nouveau dispositif : un petit boîtier avec quatre boutons ont été distribués au personnel de l’école.

Les enfants se retrouvent confrontés à des individus cagoulés qui font intrusion dans leur cour de récréation.

Olivier Gacquerre, maire de Béthune

À quoi sert ce petit boîtier ? En cas d’intrusion, il lui suffit d’appuyer sur un bouton pour que la police municipale soit prévenue : " ça rassure car c’est beaucoup plus rapide que de devoir courir pour trouver un téléphone, composer le numéro et tout expliquer aux policiers ", témoigne Valérie.

L’école a déjà pris les choses en main

Un outil qui fait la fierté du maire : "l’enjeu pour nous c’est de retrouver un cadre serein pour les enfants, c’est plus efficace et moins anxiogène que certains dispositifs qui vont parfois jusqu’à envoyer un message aux parents !". Le nouveau dispositif vient rejoindre ceux déjà mis en place par l’école : des barbelés en haut des murets et des bas volets sur les portails.

Le tout vise à empêcher les lanceurs d’escalader les murs de l’école : "l’école est entièrement ceinturée, même si c’est malgré nous, explique Olivier Gacquerre. Peut-être qu’on les enlèvera quand les travaux de l’autre côté seront fait."

Quand il n’y aura plus d’intérêt de lancer, il n’y aura plus de lanceurs.

Caroline Parmentier, député RN du Pas-de-Calais

Les travaux en question ont débuté le 16 novembre. Une fierté pour la députée Caroline Parmentier venue sur place pour constater : "il y a un an, j’ai interrogé le ministre de la justice sur la problématique et j’ai obtenu une enveloppe de 410 000 euros, qui a été doublée. Aujourd’hui je viens constater avec plaisir que les travaux commencent."

durée de la vidéo : 00h02mn16s
La livraison de colis "lancés" à la prison de Béthune, dans le Pas-de-Calais, perturbe une école voisine. 810 000 euros sont programmés : grilles pour les fenêtres, bardage, etc.... La fin du cauchemar pour le voisinage ? ©France Télévisions

Les travaux sont lancés du côté de la prison

Du côté de la maison d’arrêt, les efforts sont faits pour empêcher les détenus de récupérer les colis : "quand il n’y aura plus d’intérêt de lancer, il n’y aura plus de lanceurs", déclare la députée. Pour cela, la prison va remplacer les grilles aux fenêtres des détenus par des caillebotis plus solides, et un nouveau grillage de 6 mètres de haut avec des doubles volets. Le grillage sera opaque pour empêcher les détenus de voir les paquets tombés en "zone neutre", explique Mikaël, capitaine responsable de la sécurité de la prison.

Les détenus reçoivent des colis pour obtenir des choses interdites à l’intérieur de la prison, du bonbon Haribo aux stupéfiants, en passant par des téléphone ou de l’alcool

Mikael, surveillant de prison.

Pour le personnel de la prison, l’enjeu est de ralentir la récupération des colis tombés sur les sentiers de rondes : "les détenus reçoivent des colis pour obtenir des choses interdites à l’intérieur de la prison, du bonbon Haribo aux stupéfiants, en passant par des téléphones,de l’alcool ", explique Mikaël.

Si la plupart des paquets sont inoffensifs, l’élue et le capitaine sont unanimes : "des colis pourraient contenir des armes et se révéler dangereux, donc il faut y mettre fin de la façon la plus efficace possible", conclu la députée.

Un article écrit avec Anaëlle Charlier

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