De plus en plus de colis sont illégalement lancés à l'adresse de détenus par-dessus les murs de la maison d'arrêt de Beauvais. Non contrôlés, ces paquets pourraient notamment contenir des armes. Ils inquiètent les surveillants pénitentiaires, qui réclament des mesures pour éviter ces parachutages.
C'est l'histoire d'un chemin isolé qui borde le grillage de la maison d'arrêt de Beauvais. Stratégique, ce petit sentier est plus fréquenté que l'on ne pense. "Voilà le chemin qu'empruntent les "projeteurs" pour se diriger vers l'établissement. C'est un jeu d'enfant, lance Julien Stievenard, l'un des surveillants de cette prison où sont incarcérés 764 détenus. Au bout de la piste, il montre la récente réparation du grillage. Il a été coupé pour laisser entrer une personne, qui a dû arriver au pied du mur d'enceinte pour projeter son colis".
Depuis le début de l'année, plus d'un millier de colis auraient été envoyés illégalement au dessus du mur d'enceinte de la prison de Beauvais, selon le syndicat FO.
Des paquets surprises illégaux
"On peut y trouver de tout : de la nourriture, de l'alcool, mais aussi des produits illicites comme de la drogue - surtout du cannabis - et des armes comme des couteaux en céramique qui sont indécelables aux portiques de détection. Il peut y avoir plus grave aussi, comme des armes à feu," énumère le délégué syndical FO.L'introduction de colis illégaux est un phénomène qui se développe dans de nombreux établissements pénitentiaires français. Les lanceurs n'hésitent même plus à filmer leurs méfaits et les publier sur les réseaux sociaux (Snapchat principalement). Le colis est immédiatement réceptionné par le détenu puis dissimulé dans sa cellule. Drogue, téléphones portables et billets y sont exhibés comme des trophées.
Mettre un terme à ces envois
Rencontrées à la sortie du parloir de la maison d'arrêt isarienne, les familles des détenus se montrent compréhensives quant au parachutage de colis, du moins ceux contenant de la nourriture. "La cantine est chère, alors je peux comprendre que certains qui n'aient pas un centime pour eux se fassent envoyer de la bouffe (sic) au-dessus des murs. Je suis ok pour ça," confie la proche d'un détenu.Ces parachutages sont évidemment punis par la loi. Le 22 août, un homme qui tentait de lancer un paquet contenant notamment 46 grammes de cannabis a été interpellé et condamné à quatre mois de prison ferme. Avant de quitter les abords de la prison, nos reporters trouvent même un couteau laissé par terre, réceptionné par Julien Stievenard. Ce 28 août se tenait une réunion entre la direction, les syndicats du personnel, la police et la préfecture afin de mettre un terme à ces parachutages.