Procès de l'assassinat de Shaïna. Jour 4 : "c'était une jeune fille rigolote, souriante, coquette"

La famille de Shaïna a pu s'exprimer ce jeudi 8 juin devant la cour d'assises pour mineures de l'Oise pour présenter leur fille, poignardée à mort et brûlée en 2019 à Creil. Des experts psychologues et psychiatres ont aussi détaillé la personnalité de l'accusé, petit ami de la victime au moment des faits.

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Réunie devant le tribunal judiciaire de Beauvais, la famille Hansye semble s'être délestée d'un immense poids. " Pendant quatre jours, j'ai écouté, écouté. Là, j'ai pu m'exprimer, souffle Parveen Hansye, les yeux humides. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de choses négatives que j'ai pu entendre sur ma fille pendant ce procès."

La maman de Shaïna, 45 ans, vient de témoigner à la barre, tout comme son fils Yasin et son mari Shakill, pour raconter qui était sa fille, avant qu'elle trouve une mort tragique à l'âge de quinze ans le 25 octobre 2019, poignardée puis brûlée. Son petit ami de l'époque, qui doit répondre de l'assassinat de l'adolescente devant la cour d'assises pour mineurs de l'Oise, clame son innocence.

J'ai pu m'exprimer pour dire à la cour qui était vraiment Shaïna, qu'on garde une bonne image d'elle. Elle était rigolote, souriante, coquette !

Parveen Hansye

Maman de Shaïna

"Ce sera lui face à moi !"

Avant leurs dépositions, les membres de ce clan très soudé semblaient éreintés par les débats en ce quatrième jour de procès, qui se déroule à huis clos. Usés par le cours de l'audience, qui opère d'incessants zigzags entre auditions d'experts et d'enquêteurs - seulement entendus en fin de 3e journée - et celles de témoins de moralité de l'accusé. Usés aussi par l'accumulation de témoignages de ces derniers, comme saupoudrés sur les débats, pour régulièrement rappeler que Shaïna avait la réputation de fille facile et l'accusé un jeune homme sans histoire. Celui-ci continue de clamer son innocence.

Il faut déconnecter le procès des témoignages. On a des éléments objectifs dans le dossier : on a des fadettes, de la géolocalisation, cette blessure de l'accusé sur la jambe. Si on retire les témoignages, on a des éléments [à charge contre l'accusé] !

Me Negar Haeri

Avocate de la famille de Shaïna Hansye (parties civiles)

"On entend encore un type qui nous dit que [l'accusé] est un mec génial", soufflait alors Yasin Hansye, sur les marches du tribunal. Le grand-frère de Shaïna, d'ordinaire très calme, venait de se faire expulser de la salle d'audience pour avoir invectivé le suspect dans son box. "Franchement, c'est comme un match de foot : ce sera lui face à moi, je vais défendre ma sœur", lance-t-il plus tard, avant d'entrer dans l'arène pour déposer à son tour devant la cour.

Doué d'empathie ?

Plus tôt, dans la matinée, la cour et les parties ont écouté les rapports des experts psychologues et psychiatre qui ont suivi l'accusé. "Leurs dépositions ont pu lever un certain nombre de préjugés sur la personnalité d'Omar", estime Me Adel Farès, conseil de la défense.

[Mon client] n'est pas un danger pour la société, il n'a aucune prédisposition pour devenir un tueur sanguinaire. ( …) Il présente bien Shaïna comme un flirt, affirme qu'il avait de l'affection pour elle, bien que ce n'était pas un amour fou non plus.

Me Adel Farès

Avocat de la défense

Le suspect de 21 ans ne réussit cependant pas à convaincre les parties civiles. "On lui a donné la parole, mais (…) il élude les questions, ne répond jamais clairement. Rien n'est clair à propos des 48 heures autour des faits. Il préfère plutôt parler de ses difficultés personnelles, argumente en faveur d'une erreur judiciaire. (…) Il a une absence d'empathie pour Shaïna", expose Me Negar Haeri, l'avocate de la famille.

"Il est tout à fait capable d'empathie, et c'est sa position défensive aujourd'hui qui explique son détachement vis-à-vis de Shaïna", lui répond son adversaire en défense, Me Farès.

Le procès du suspect de l'assassinat de Shaïna court jusqu'au vendredi 9 juin, jour qui concentrera les plaidoiries, le réquisitoire et la dernière parole à l'accusé, qui encourt jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Si le ministère public décide de lever l'excuse de minorité lors de ses réquisitions - en raison du caractère "adulte"du crime - l'accusé pourrait encourir la perpétuité.

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