Le Picard Rudy Barbier est une valeur sûre du peloton cycliste. Même s'il ne participe pas au Tour de France, le coureur beauvaisien s'entraîne dur sur ses routes de l'Oise aux côtés de son frère Pierre. Un objectif en tête : le Tour d’Italie.
Il se peut que vous croisiez deux fusées du côté de Grandvilliers ou de Feuquières dans l'Oise. Deux ombres filant au ras de la route, le grésillement si caractéristique des roues d’un vélo en action dans leur sillage. Il s’agira fort probablement des coureurs cyclistes Rudy et Pierre Barbier. La fratrie a fait des routes de l’Oise son terrain de jeu privilégié et se prépare avec application pour les échéances à venir. À savoir le Giro pour Rudy.
Dans la vie comme sur le vélo, les frangins sont inséparables. Une relation qu’ils estiment primordiale dans leur accès au haut niveau. "J’en ai parlé récemment avec mon père. Maintenant, avec du recul, je ne vois pas comment je pourrais faire ma carrière sans rouler tous les jours avec Pierre", débute Rudy. "Je ne sais même pas si on aurait pu en faire notre métier", emboîte son cadet. "On partage tout ensemble. Est-ce qu’on aurait été si loin dans l’abnégation, le travail, si on était tout seul ? Je ne sais pas."Dans le coin, on n'est que deux coureurs pros à avoir ce niveau-là. Partir tous les jours à l’entraînement seul et faire 5 à 6 heures tout seul c’est longuet. On s’en rend compte quand l’un de nous deux est blessé, ça devient très compliqué.
Le travail paie
S’il ne cache pas les sacrifices nécessaires pour arriver à un tel niveau et y évoluer sur la durée, le duo s’estime avant tout chanceux : "La balance avantages-inconvénients est positive. Déjà parce qu’on en a fait notre métier. Un couvreur quand il fait beau, très chaud ou qu’il pleut, il fait son métier et nous aussi. On ne part pas huit heures sur un toit. S’il fait vraiment mauvais, on fait quatre heures et c’est déjà une belle sortie de vélo. Et puis, on est quand même chouchouté. On a des séances de massages, le sauna à la maison, des jours de repos que les autres corps de métier n’ont pas", expose Rudy. "On n’est pas à plaindre, on vit de notre passion", appuie Pierre.Le travail a payé. Du haut de ses 22 ans, Pierre, devenu professionnel en 2020 au sein de l’équipe Nippo Delko One Provence, a remporté la 3e étape du Tour de Bulgarie fin juillet.
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— Team NIPPO DELKO One Provence (@NIPPO_Delko_OP_) July 30, 2020
1ère victoire professionnelle pour @pierrebarbier60 et 6ème victoire de la saison pour le Team sur l'étape 3 ? ?
1st professional victory for #PierreBarbier and 6th victory of the season for the Team on stage 3 ? ?#NIPPODELKOOneProvence | 100%ForTheTeam pic.twitter.com/5QV1Ox0bTL
Après Roubaix Lille Métropole et AG2R La Mondiale, Rudy s’est lui engagé il y a un an avec Israël Start-Up Nation, la première équipe israélienne professionnelle. "On est 18 nationalités cette année. Il y a vraiment un mélange des cultures très sympa, beaucoup de tolérance vis-à-vis de tout le monde, vis-à-vis de toutes les origines."
Le Picard de 27 ans s’est imposé depuis plusieurs saisons comme une valeur sûre du peloton. Il compte 8 victoires chez les pros en 7 saisons, dont la Classic Loire-Atlantique l'an dernier. 2020 a d’ailleurs très bien commencé grâce à une victoire en janvier au Tour de San Juan en Argentine. Une victoire de prestige, au sprint et devant des pointures comme Gaviria ou Peter Sagan.
"C’est un super souvenir parce que c’est la première course de l’année. On se prépare tout l’hiver pour ça donc j’étais forcément content de la gagner, de la mettre au fond surtout quand on voit la suite de la saison avec le confinement qu’il y a eu. J’ai bien fait de gagner tôt dans la saison, mentalement ça fait toujours du bien et pour l’équipe aussi", se remémore Rudy.
Le Giro en tant que leader d’équipe
Malgré tout, il manque encore à Rudy une victoire en pro-tour. Ce sera l’objectif de celui qui se présentera au Giro comme leader de son équipe au mois d'octobre, du 3 au 25.Et l’arrivée de la petite Romy il y a deux mois est venue donner au tout jeune papa une motivation supplémentaire pour se sublimer. "Clairement, quand il y a des petites baisses de niaque, il suffit d’y penser une seconde et c’est reparti !" conclut-il tout sourire.C’est mon premier grand tour et c’est la première fois qu’on construit une équipe autour de moi. Sur une course de trois semaines, il faut quand même avoir la confiance pour mettre sept, huit mecs autour de lui. C’est des responsabilités, mais j’apprends à gérer ça. C’est de la pression positive celle qui me permet de mettre de la rigueur dans les entraînements.