L'établissement SOS Médecins a ouvert ses portes le mercredi 2 novembre à Beauvais pour palier le manque de généralistes sur le secteur. Depuis, près de 120 patients passent la porte du bâtiment tous les jours. Un nombre multiplié par cinq par rapport aux prévisions. Ils comptent sur l'arrivée d'un nouveau médecin pour venir grossir les rangs.
Les portes de la nouvelle antenne SOS Médecins s'ouvrent, Valérie entre dans la salle d'attente flambant-neuve, un soulagement pour cette mère de famille : "chez notre médecin traitant c'est impossible d'avoir un rendez-vous, c'est une super d'opportunité d'avoir la structure à Beauvais".
À ses côtés, Marie, masque sur le visage va "enfin" pouvoir consulter un généraliste après de nombreux échecs. "Il y a un délai d'au moins quinze jours pour consulter un généraliste. On essaye d'appeler à chaque fois à 8h, pour savoir s'il y a une place, mais bien sûr, il n'y en a jamais !"
Une saturation dès 10h du matin
Résultat : moins d'une semaine après son ouverture, la structure médicale d'urgence est saturée. Plus d'une centaine de patients poussent la porte du bâtiment tous les jours. Cinq fois plus que les prévisions établies par les six médecins associés. "Nous avions visé 20 à 30 patients pour l'ouverture précise Florent Jendrzejewski, nous avons finalement pris 120 rendez-vous dès le premier jour."
La demande est forte pour consulter dans le cabinet situé quartier Argentine de la ville. Le site internet de la structure est pris d'assaut. Dès 10h du matin, la page affiche que "plus aucun rendez-vous" n'est disponible.
Cependant pour le président de la structure, SOS Médecins "absorbe sans problème" l'afflux de patients. "Chaque praticien reçoit environ 40 personnes sur une journée, ce qui revient à 15 à 20 minutes passées avec chacun. Nous avons donc le temps d'échanger avec eux, nous sommes loin de l'abatage."
Désengorger les urgences
Six médecins associés et quinze remplaçants composent l'équipe SOS Médecins de Beauvais. La structure est ouverte 24h/24 et 7j/7, du lundi au dimanche et les praticiens se relaient jour et nuit pour répondre aux besoins des patients. Une opportunité pour le centre hospitalier de Beauvais : "pour les urgences c'est quand même plus confortable, cela évite que le service soit engorgé" admet Florent Jendrzejewski.
Une salle d'urgence dédiée permet aux patriciens de réaliser des sutures, des électrocardiogrammes et de faire des séances d'aérosol. Des outils qui ont rapidement été utilisés en particulier la nuit : "De 20 heures à minuit nous accueillons environ 25 patients, et la nuit cela tourne autour de 8. C'est plus que ce que nous envisagions, avance le président de la structure, des personnes qui seraient allées aux urgences autrement, mais que nous avons pu soigner et rassurer sans encombrer les urgences."
Un médecin en renfort ?
Cette affluence de patient avait été envisagée avant l'ouverture : "nous avions plusieurs scénarios en tête, celle d'une forte affluence était prévisible". En effet, il ne fait pas de doute que le secteur de Beauvais est un désert médical avec 88,9 médecins généralistes pour 100 000 habitants dans l'Oise contre 120,9 à l'échelle nationale. La ville de Beauvais est tout particulièrement impactée avec 3 fois moins de médecins par nombre d'habitants que sur le plan national. D'autant qu'un tiers d'entre eux doit partir à la retraite d'ici cinq ans.
La structure espère donc l'arrivée prochaine de nouveaux médecins. La 64ème antenne française négocie actuellement avec l'Agence Régionale de Santé pour obtenir plus de moyens. L'établissement pourrait être reconnu parmi les permanences des soins ambulatoires (PDSA) et ainsi intervenir dans des établissements de santé tels que les EHPAD. "Cela serait une véritable reconnaissance de notre travail, se réjouit le docteur Jendrzejewski, et nous aurions plus facilement les moyens d'embaucher des médecins supplémentaires et d'agrandir les équipes la nuit."
Dans tous les cas, la direction assure qu'elle travaille au recrutement d'un nouveau praticien pour soulager les trois médecins de journée et les deux présents la nuit.