Du 16 au 22 novembre, c'est la semaine européenne pour l'emploi des personnes en situation de handicap. Pour elles, bien souvent, trouver un travail relève du parcours du combattant. À Beauvais, Marie-Hélène témoigne des difficultés qu'elle rencontre depuis un an.
Depuis un presque un an, les journées de Marie-Hélène ne sont rythmées que par un seul objectif : trouver du travail. "C'est de 7h30 le matin jusqu'à 22h le soir, confie-t-elle. En moyenne, j'envoie 4 à 5 candidatures par jour. Des candidatures motivées et ciblées."
Cette Beauvaisienne aimerait trouver un emploi dans le domaine de l'accompagnement des personnes. Mais à cause de son handicap, sa recherche se transforme en parcours du combattant. "Quand j'ai repéré une annonce, la première chose que je fais, c'est Google Maps : je regarde l'urbanisme, à quoi ça ressemble. Je vérifie l'accessibilité en transport en commun, je fais le déplacement. Je regarde si les trottoirs sont jouables et si je peux aller et sortir facilement de l'entreprise. Ensuite, je postule."
La première étape franchie, il faut désormais qu'elle arrive à entrer contact avec un interlocuteur. "Pendant un certain temps, j'annonçais que j'étais en fauteuil. Sur mon profil, je mettais une photo. Je n'avais aucun retour. À l'inverse, si je ne précise pas, j'ai des entretiens plusieurs fois par semaine, cela ne pose aucun souci."
"Aménager les espaces, mais aussi les esprits"
Si les retours sont positifs, une fois arrivée à l'entretien, c'est une autre histoire. "En général, c'est la surprise. Quand on me voit arriver en fauteuil, souvent je n'ai plus l'entretien. Je peux rester longtemps à l'accueil et on me dit que finalement on ne va pas pouvoir me recevoir", raconte-t-elle.Selon une enquête de l'association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées (Agefiph) en mars dernier, en France 58% des dirigeants d'entreprises sont favorables à l'embauche de personnes en situation de handicap, mais ils sont plus nombreux qu'en 2018 à estimer qu'il est difficile de le faire. "C'est vrai qu'au départ, les recruteurs n'ont rien contre, mais on voit quand même dans leur regard une certaine peur. Certains vont focaliser sur tout ce que je ne peux pas faire. Il faut aménager les espaces mais aussi les esprits. Et ça c'est encore compliqué", témoigne Marie-Hélène.
Toujours selon l'Agefiph, si le nombre de demandeurs d'emploi en situation de handicap a diminué pour la première fois plus vite que les autres (-4 % sur un an contre -3 %) et représente au premier semestre 8,6 %, les personnes handicapées restent fragilisées sur le marché du travail du fait de leur âge (la majorité est âgée de plus de 50 ans) et d'un chômage de longue durée qui continue de progresser. "C'est compliqué déjà quand on est une femme. Le handicap rajouté à ça, ce n'est pas terrible, plus les 50 ans... Vous cumulez finalement plusieurs handicaps", confie Marie-Hélène.
La crise sanitaire, une épreuve supplémentaire
Si aujourd'hui, elle préfère rester positive et optimiste, la crise sanitaire est une épreuve supplémentaire dans sa recherche d'emploi. "C'est un motif de refus. On me dit que je suis fragile. On décide pour moi, on me dit que ça va être compliqué, que je suis à risque alors que je n'ai pas de problèmes pulmonaires", affirme-t-elle.La présidente de l'Agefiph, Malika Bouchehioua, estime cependant que "la crise économique et sociale provoquée par la Covid19 peut être l’occasion de consolider et d’accélérer la construction d’une société plus inclusive." Dès le confinement du printemps, l’association a mobilisé 40 millions d’euros pour soutenir les entreprises, les salariés, les demandeurs d’emploi et travailleurs indépendants en situation de handicap.