Le syndicat Usac-CGT dénonce, entre autres, une proposition de loi votée le 15 juin au Sénat qu'ils considèrent comme une "remise en cause du droit de grève". Les grévistes individuels pourraient se retrouver à déposer un préavis de grève cinq jours avant, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Un vol sur deux devait être annulé à l'aéroport de Beauvais (Oise) ce jeudi 29 juin, c'est finalement tout le trafic qui se retrouve paralysé par la grève des contrôleurs aériens.
Mercredi, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait d'abord appelé à la suppression de la moitié des vols dans le seul aéroport de Beauvais pour jeudi avant d'étendre ces mesures "compte tenu du suivi du mouvement constaté dans les organismes de navigation aérienne de Beauvais, Brest et Carcassonne", a-t-elle précisé dans un communiqué.
Finalement, l'administration a demandé "aux compagnies aériennes d'annuler leur programme de vols pour la journée du jeudi 29 juin" et a présenté ses excuses aux 15 000 voyageurs attendus cette journée un peu avant 11 heures ce matin.
"Une volonté de bouleverser l'organisation du travail des personnes de l'aviation civile"
Le syndicat en question, l'Usac-CGT, se dresse contre le protocole social en cours de négociation avec la DGAC, qui selon lui "entérine une volonté de bouleverser l'organisation du travail des personnes de l'aviation civile, tout en actant des dégradations du service rendu". Il s'agit d'un texte "en l'état, inacceptable", a affirmé l'Usac-CGT dans un communiqué.
Ce syndicat avait déjà été en pointe dans le mouvement de protestation contre la réforme des retraites, provoquant ainsi des annulations et des retards de vols en cascade entre les mois de mars et mai.
L'Usac-CGT a aussi dénoncé le vote le 15 juin au Sénat d'une proposition de loi visant à mieux organiser le trafic aérien en cas de grève. À leurs yeux, c'est une "remise en cause du droit de grève" et prévenu que "la promulgation de cette loi constituerait un recul extraordinaire de ce droit constitutionnel" selon l'organisation.
Une proposition de loi controversée
Actuellement, les syndicats dans le contrôle aérien doivent déposer tout préavis de grève cinq jours avant un mouvement, mais les grévistes n'ont pas à déclarer leur participation individuelle, à la différence des autres salariés du secteur. Ils devront le faire dorénavant en vertu de cette proposition de loi. Cette réforme doit désormais être examinée par l'Assemblée nationale.
Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, s'était dit favorable à une telle évolution du droit après un arrêt de travail surprise le 11 février de contrôleurs aériens, en l'absence d'appel à la grève, qui avait conduit la DGAC à faire annuler en catastrophe un vol sur deux à Paris-Orly.
La DGAC a souligné que le préavis de jeudi "concerne de nombreux terrains, mais pas les principaux aéroports français ni les cinq centres de contrôle en-route (CRNA)" qui gèrent les trajectoires des appareils survolant le territoire.
Beauvais, 10e aéroport français
Les grèves des contrôleurs aériens français représentent un motif de colère récurrent pour les compagnies aériennes étrangères, souvent forcées de contourner le pays lorsque le fonctionnement des CRNA est affecté. Ryanair a lancé une pétition à ce sujet, qui avait recueilli jeudi 1,24 million de signatures.
Dixième aéroport français pour son trafic, Beauvais, à 80 km au nord de Paris, a, selon l'Union des aéroports français (UAF), accueilli en 2022 4,6 millions de voyageurs, dépassant de 15,8% son niveau de 2019, grâce au dynamisme des low-cost dont Ryanair qui y base deux appareils.