À Plouy Saint-Lucien, hameau de Beauvais dans l’Oise, trois toitures ont été endommagées. Selon les habitants, les faits se seraient passés à des horaires différents, dans la soirée du vendredi 25 octobre, lors d'atterrissages d'avions à l’aéroport de Beauvais-Tillé.
Le phénomène n’a duré que quelques secondes, mais Steven Desmelliers s’en souvient parfaitement : "J’étais en train de mettre ma moto dans mon camion qui était stationné juste devant. Un avion est passé à ras de la toiture, l’a levée et fait tomber des tuiles sur le véhicule et sur nous. On a juste eu le temps de se cacher pour ne pas prendre les tuiles."
Cet habitant de Plouy Saint-Lucien, près de Beauvais (Oise), estime que l'avion n’est "pas resté dans son couloir", vendredi 25 octobre 2024. "Normalement, il passe sur le côté de la maison alors que celui-ci est passé vraiment au-dessus de la toiture."
1 300 euros de réparation
Leur maison a été touchée pour la deuxième fois, en quinze jours. "On a déjà dû sortir 1 300 euros de notre poche pour remettre en état notre toiture", souffle Hortense Gattaud, sa compagne.
"Notre assurance ne prend pas en charge les dommages, elle estime que c’est causé par un professionnel et que c’est à lui d’engager sa responsabilité. Ni la compagnie aérienne ni l’aéroport n'ont voulu reconnaitre leur responsabilité dans l’histoire. Cette fois-ci, on était présent au moment où ça s’est passé donc on peut cibler l’avion et savoir qui nous a fait ces dégâts."
La police des transports s’est déplacée hier soir, ce matin également. Ils ont filmé la toiture avec des drones et vont remonter toutes les informations au préfet et à l'exploitant qui gère l’aéroport.
Hortense Gattaud, propriétaire d'une maison endommagée
La direction de l'aéroport à la rencontre des habitants
Deux jours après les faits, lundi 28 octobre, Philippe Trubert, directeur du syndicat mixte de l’aéroport de Beauvais-Tillé est allé rencontrer les habitants sinistrés.
Il confirme qu'une enquête est en cours pour "savoir si un phénomène exceptionnel (comme une remise de gaz) est à l'origine de ces dommages" ou non.
"On aura un souci de transparence et d'informations vis-à-vis des riverains concernés et de la collectivité", précise-t-il.
Le SMABT, établissement propriétaire de l'aéroport, va être aux côtés des riverains pour ne pas les laisser dans le besoin financier et subir des désagréments liés à l'aéroport. Ce n'est pas du tout la relation de voisinage que l'on veut avec eux.
Philippe Trubert, directeur du syndicat mixte de l’aéroport de Beauvais-Tillé
"Il n'y a pas de psychose à avoir sur les avions de l'aéroport de Beauvais. Ils sont dans leurs traces et sécurisés par le travail des contrôleurs aériens", conclut-il.
Des incidents du même type déjà connus
"Il y a eu au moins trois incidents du même type en 2011, 2015, 2020", assure Dominique Lazarski, présidente d’ADERA, association de défense de l’environnement des riverains de l’aéroport. "Je me souviens d’une personne qui avait été traumatisée. Un autre avait fini par clouer ses tuiles sur le toit."
Selon elle, il n'y a pas de doute : le phénomène est lié aux survols. "En atterrissant, les avions créent des vortex. Il y a eu des exemples également à Londres et la compagnie était responsable."
Des nuisances sonores
Depuis le 1er octobre, un nouveau délégataire a pris les rênes de l’aéroport de Beauvais-Tillé. Avec 190 millions d’euros d’investissement, le groupement Bellova souhaite moderniser, créer plus de magasins, de nouveaux parkings et, surtout, augmenter le trafic : de 37 000 à 45 000 mouvements et de 6 millions de passagers par an à 8 millions, d’ici 10 ans.
Un projet redouté par les habitants comme Philippe Brébion qui habite à Laversines, à quelques kilomètres de Beauvais. "Quand on a une cinquantaine d’avions qui passe dans la journée, cette répétition fait que ça tape un peu sur le système nerveux, on en a marre", souffle celui qui est aussi président d’ACNAT, une association qui lutte contre les nuisances de l’aéroport.
De son côté, l’aéroport assure avoir réalisé des travaux d’insonorisation au sein de 300 maisons. "En 2024, on a achevé 100% de l’insonorisation de tous les logements éligibles avec un reste à charge qui était souvent proche de zéro", se défend Philippe Trubert, directeur du syndicat mixte de l’aéroport de Beauvais-Tillé.
Avec Gabin Cransac / FTV