"C'est un macro-poulailler intensif" : jusqu'à 1,2 million de poules, le projet d'extension d'un élevage indigne les défenseurs du bien-être animal

La ferme du Pré, plus grande exploitation avicole de Picardie, prévoit d'agrandir son élevage pour accueillir 320 000 poules supplémentaires. Un projet qui suscite de vives réactions, notamment de la part des associations de défense du bien-être animal, telles que L214, qui dénoncent des conditions d'élevage indignes, déjà pointées du doigt en 2018 par l'association Vegan Impact.

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La ferme du Pré, située à Flavacourt dans l'Oise, prévoit de construire deux nouveaux poulaillers pouvant accueillir 320 000 poules supplémentaires pour atteindre une capacité totale de 1,2 million de poules pondeuses. L'objectif affiché est de répondre à la demande croissante d'œufs des Français, qui consomment en moyenne 224 œufs par an.

Pour Bertrand Domet, gérant de l'exploitation, il est crucial de "répondre aux besoins des Français" tout en évitant l'importation d'œufs. Deux nouveaux bâtiments, qui accueilleront chacun 160 000 poules élevées au sol, devraient voir le jour. "Les conditions d’élevage seront bonnes, l'élevage sol est un vrai mode d'élevage, il correspond à un futur. Il faudra toujours des œufs plutôt haut de gamme et d'autres bon marché pour répondre au budget de chacun", assure le producteur, qui n'a pas accepté la présence de nos équipes de tournage au sein des poulaillers. Il avance des raisons sanitaires.

L214 dénonce un projet "démentiel"

Pourtant, cet agrandissement est loin de faire l'unanimité. L'association L214, qui lutte pour la défense du bien-être animal, dénonce un projet démesuré. Johanne Mielcarek, porte-parole de l'association L214 s'indigne. "On est sur un macro-poulailler intensif, clairement. Le projet est d'entasser par bâtiment 160 000 poules sur trois étages. C'est un projet qui est démentiel, qui est mené au nom du bien-être animal selon les dires de l'exploitant. Abandonner les cages, c'est bien, c'est le minimum, mais là le bien-être animal a bon dos dans tout ça. Sur cette exploitation, l'élevage en plein air va représenter un seul bâtiment et à peu près 5 % des poules qui seront élevées, donc on est dans une sorte d'affichage qui est à des lieues de refléter une vraie préoccupation pour les conditions de vie des poules."

Pour l'association de défense du bien-être animal, ce type d'élevage est en contradiction avec les besoins biologiques des volailles. "On se demande comment l'article L214-1 du Code rural est respecté, puisque cet article dit que les propriétaires doivent placer les animaux dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de leur espèce, abonde Brigitte Gothière, co-fondatrice de l'association. Les poules aiment gratter le sol, chercher leur nourriture au sol. Elles aiment étendre les ailes, se percher. Ce sont des animaux qui vivent en grande partie du temps à l'extérieur et qui cherchent un abri pour la nuit. Donc, on est aux antipodes de ce que peuvent avoir comme comportement habituel ces animaux."

Des conditions d'élevage déjà pointées du doigt en 2018

Dans une vidéo publiée en 2018, l'association Vegan Impact dénonçait les conditions d'élevage de poules dites de "plein air" dans cette exploitation de Flavicourt. On y voyait des poules déplumées au milieu de cadavres de leurs congénères. L'association demandait "la fermeture immédiate" de cet élevage. L'entreprise a porté plainte pour violation de domicile, les vidéos ont dû être retirées, avant d'être autorisées à être republiées pour finalement être supprimées à nouveau.

La Mission Régionale d'Autorité Environnementale (MRAE) Hauts-de-France a également exprimé des réserves concernant l'impact environnemental du projet. Elle souligne notamment des lacunes dans le dossier d'étude, en particulier en ce qui concerne la gestion des eaux usées, le processus de compostage du fumier, et l'étude d'impact sur les espèces animales vivant aux alentours.

Un impact local qui divise

Du côté de la municipalité d'Éragny-sur-Epte, commune voisine de Flavacourt, le maire Bernard Michalczyk voit dans ce projet une opportunité pour dynamiser la commune. "Cette extension offrirait huit postes supplémentaires. Pour l'avenir, c'est une évolution qui va dynamiser la vie du village."

Malgré ces perspectives économiques locales, l'opposition des associations de défense des animaux reste forte. L214 appelle la population à se mobiliser lors de l'enquête publique qui s'ouvrira le 16 août pour exprimer leurs inquiétudes.

Deux réunions publiques seront organisées jusqu'à la mi-septembre pour débattre de ce projet controversé. La première réunion se tiendra ce vendredi 16 août et promet d'être le théâtre de vives discussions entre partisans de l'extension et défenseurs du bien-être animal.

Avec Ambre Crozet / FTV

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