Le phacochère apprivoisé il y a quelques mois par une famille de Boiry-Becquerelle (Pas-de-Calais) doit être transporté au parc animalier de Charleville-Mézières (Ardennes), d'ici le 15 août 2024. Le père de famille, Arnaud Bienvenu, évoque "l'un des meilleurs accomplissements" de sa vie mais souhaite aussi faire amender la loi afin que ses mésaventures judiciaires "n'arrivent pas à d'autres".
L'histoire aurait pu tourner au tragique à de nombreuses reprises. Après avoir défrayé la chronique dans la France entière, le feuilleton de Toto le sanglier touche à sa fin. D'ici le 15 août 2024, il sera transporté de la fourrière animale d'Arras (Pas-de-Calais) au parc animalier de Charleville-Mézières, dans les Ardennes.
Environ 3h de transport par la route pour une retraite dorée assurée. La municipalité ardennaise a affrété un camion de transport agréé pour la faune sauvage pour amener le cochon à bon port. De nouveaux tests pathologiques ont été effectués sur demande de la préfecture : Toto est négatif à tout type de peste porcine ainsi qu'à la maladie d’Aujeszky.
Il sera peut-être anesthésié pour un voyage plus serein et éviter les inconvénients de la chaleur – il faut savoir que les sangliers n'ont pas de système de sudation. Les services vétérinaires de la ville ardennaise n'avaient pas encore tranché la question, ce vendredi 9 août.
La famille Bienvenu, à l'origine du sauvetage du sanglier, à l'époque un petit marcassin, se dit "très heureuse" à l'idée de bientôt revoir Toto. "On n'a toujours pas le droit d'aller le voir à la fourrière, donc on attendra le 5 septembre pour se rendre dans les Ardennes, sur l'invitation du maire", déclare le père de famille Arnaud Bienvenu.
Un amendement en préparation
Cet éleveur de chevaux habitant à Boiry-Becquerelle (Pas-de-Calais) n'a pas encore mis le point final à l'histoire de Toto. Il doit comparaître devant le tribunal correctionnel d'Arras, le 3 décembre, pour "détention d'animal sauvage non domestique". Il risque trois ans de prison et 150.000 euros d'amende.
"Je vais faire appel aux députés de ma circonscription pour porter un amendement sur la loi de la faune sauvage, expose le père de famille. Que plus personne ne vive ce que j'ai vécu et qu'il ne soit plus possible de demander l'euthanasie des animaux sauvés sans avoir cherché d'autres solutions auparavant".
"Condamné ou pas, j'ai le sentiment d'avoir fait le nécessaire. C'est l'un des meilleurs accomplissements de ma vie"
Arnaud Bienvenu, le père de la famille qui a recueilli Toto
Maître Jean-François Camus expliquait déjà à France 3 fin juillet qu'il était nécessaire de changer la loi. "Le combat n'est pas fini, affirmait-il. Ce qui est arrivé à Monsieur Bienvenu peut arriver à tout un chacun. (...) Il faut légiférer là-dessus".
Arnaud Bienvenu affirme rester serein face à l'échéance de sa convocation au tribunal. "Condamné ou pas, j'ai le sentiment d'avoir fait le nécessaire. C'est l'un des meilleurs accomplissements de ma vie", se confie-t-il fièrement.
600m2 de terrain forestier
En attendant que la loi change, l'enclos de Toto est en finalisation de préparation, ce vendredi 9 août. Le cochon pas si sauvage aura le droit à 600m2 de terrain entouré de grillage au cœur du parc de 34 hectares. Son lopin de terre "ressemble à une petite forêt", décrivent les services de la Ville, avant d'ajouter "qu'il y sera très bien".
Un enclos qu'il occupera seul. "C'est un animal un peu particulier puisqu'il a plus côtoyé les Hommes que ses propres congénères. Pour des raisons sanitaires mais aussi pour son confort, on ne le mettra pas avec les autres sangliers du parc", révèle la mairie de Charleville-Mézières.
Mais le parc animalier envisage aussi de le faire cohabiter plus tard avec des marcassins et d'observer sa réaction comportementale. À terme, le parc espère le réhabituer à la présence de ses congénères pour qu'il puisse vivre avec eux en groupe.
Sous le post Facebook de la municipalité ardennaise, les commentaires sont unanimes : tous félicitent l'opération et le maire Boris Ravignon. Certaines personnes prévoient même déjà de rendre visite au suidé. "On va bientôt te rendre visite", "c’est sûr, j'irais le voir au parc de St Laurent", réagissent plusieurs utilisatrices.
Il faudra cependant attendre un peu avant de voir la nouvelle vedette régionale. Le service de communication de la ville aimerait laisser un jour de répit à Toto afin qu'il s'acclimate à son nouvel environnement. De quoi prendre des forces et lustrer son poil avant les séances de selfies dont il fera certainement l'objet.
