Pipistrelle commune, noctule, rhinolophe... À l'occasion de la nuit de la chauve-souris, qui propose de nombreuses animations en France, des visiteurs ont suivi une visite guidée pour découvrir les chauves-souris au château de Picquigny et ses alentours. Ils ont pu en apprendre davantage sur leur mode de vie et les façons de les repérer.
Apercevoir ou même entendre les chauves-souris, c'est précisément ce que sont venus chercher des visiteurs, improvisés détectives en herbe, au château de Picquigny. À l'occasion de la nuit de la chauve-souris, ils étaient nombreux à venir découvrir ces petits mammifères connus sans vraiment l'être.
Et ils étaient en bonne compagnie, puisque Pauline Jucha, chiroptérologue pour l'association Somme Nature, les a accompagnés jusqu'au bout de la nuit. Avec son batlogger à la main, les chauves-souris n'ont plus de secrets pour personnes. "Le batlogger permet de détecter des ultrasons de chauves-souris, les fréquences, et vous avez aussi l'activité. Plus la fréquence est haute, plus l'activité va être très forte", explique-t-elle.
Des bruits bien spécifiques
Le bruit de ces animaux est très reconnaissable grâce à son appareil. "Vous avez la pipistrelle qui va vraiment faire des petites bulles qui vont éclater, ensuite un petit 'bzzz' quand elle va vraiment prendre l'insecte. Pour la noctule, ça va être des bulles qui vont éclater un peu plus lentement, comme c'est une espèce un peu plus grosse", poursuit-elle.
Mais d'où vient ce bruit de bulles ? "Ce sont les ultrasons qui sont retransmis ainsi, c'est vraiment l'hétérodyne, ça va faire une compression pour qu'on puisse les entendre". En effet, les humains ne peuvent les entendre, car notre oreille interne n'est pas constituée de la même manière. "Les chauves-souris ont plusieurs petites membranes et peaux qui vont alléger les sons, elles vont pouvoir absorber les ultrasons des insectes et en rebalancer. Quand l'ultrason revient vers elle, c'est qu'il y a un insecte. Donc elles pourront pouvoir foncer vers lui et le manger".
Pauline Jucha déconstruit également le mythe de la chauve-souris qui serait aveugle : "elles sont un peu malvoyantes, on va dire qu'elles sont myopes, ce qui explique qu'elles vont balancer les ultrasons pour se repérer beaucoup plus facilement".
On peut entendre les cris sociaux à l’oreille nue quand elles vont être dans les cavités ou alors si vous avez des bardages dans la maison.
Pauline Jucha, chiroptérologue
Observer les chauves-souris
Le terrain de chasse préféré de ces petits mammifères, ce sont les "open fields". "C'est tout ce qui est champ, pâtures, etc, qui sont entourés par tout ce qui est lisière de forêt ou haie, qu'on appelle aussi corridor écologique". Elles vont donc s'aider entre autres de la lisière de forêt et des haies pour attraper les insectes au bon moment.
"Ça va leur permettre de manger l'équivalent de la moitié de leur poids en une nuit. Par contre, quand les femelles sont en période de gestation, elles mangent beaucoup plus". Il est important de souligner qu'à la mise bas, elles ont "toujours" un petit et il est "très rare" d'en avoir deux. C'est pourquoi elles sont en voie de disparition. Le petit est généralement toujours accroché à la mère qui va partir à la chasse avec. "Quand vous voyez une chauve-souris qui a l'air un peu plus ronde que d'habitude, c'est parce que son petit est accroché à elle", précise-t-elle.
La période la plus propice pour les observer, "c'est généralement la migration automnale. Sinon, c'est la période de gestation et de nourrissage des petits. Vous allez en avoir des centaines à chaque fois", poursuit Pauline Jucha. Actuellement, nous sommes bel et bien en pleine période de migration automnale et de saison des maternités. Toutes les femmes se regroupent pour élever leurs jeunes, et à quelques jours de la mi-août, certains commencent déjà à voler seuls.
Les châteaux, lieux propices pour les entendre
C'est dans la cour du château de Picquigny qu'on les entend le mieux, grâce à la pierre mais aussi à la pelouse. "Les insectes vont remonter de la pelouse avec la rosée et les chauves-souris s'offrent un vrai festin", note la chiroptérologue avant de poursuivre : "là, on est en hauteur en plus, dès qu'elles vont sortir du château, elles vont plutôt voler à ras".
D'ailleurs, rien de mieux que les châteaux en ruine pour les entendre. "Déjà, il n'y a personne qui habite dedans, et en plus, ça offre des cavités, des interstices et notamment plein de petites crevasses, là où elles adorent se mettre", observe Pauline Jucha.
Une sortie ludique et familiale
Avec toutes ces explications, les visiteurs repartent la tête pleine. Marie-Océane, qui posait beaucoup de questions pendant la visite, est conquise. "Je suis passionnée par la faune, j'en connais un petit peu sur les chauves-souris, mais pas grand-chose, donc j'essaie d'améliorer mes connaissances". Elle ne savait pas, par exemple, qu'il y avait de nombreuses espèces dans la région. C'est également la première fois qu'elle entend leur bruit : "je n'ai jamais eu l'occasion avant vu que le matériel n'est pas très abordable !"
Stéphanie, venue avec son fils, a vu dans cette sortie une occasion de ne pas "rester devant les écrans de télé, de profiter des températures extérieures et connaître un peu ce qu'il y a autour de chez nous". Elle aussi est surprise du nombre important d'espèces de chauves-souris autour d'elle.
Maintenant, il ne vous reste plus qu'à scruter le ciel et tendre l'oreille car les chauves-souris quitteront bientôt leurs gîtes d'été à la recherche de leur futur partenaire. Vous pouvez aussi vous inscrire aux nombreuses autres animations prévues jusqu'à la fin de l'été dans la région autour de la chauve-souris.
Avec Noémie Furling / FTV