Comme chaque année, la Société de protection des animaux enregistre des pics d'abandons au moment de l'été. Mais désormais, certaines antennes sont complètes quasiment toute l'année. En cause : inconscience, multiplication des portées. Les refuges veulent sensibiliser.
Le refuge indépendant de Saint-Quentin-Rouvroy accueille actuellement environ 50 chiens et à peu près autant de chats, sans compter les nombreux chatons en famille d'accueil. Les trois quarts des petits pensionnaires ont été retrouvés errants sur la voie publique. Le refuge joue également le rôle de fourrière, ce qui augmente la pression sur les capacités d'accueil, en particulier en été.
“Nous sommes complets quasiment toute l'année. On arrive toujours à s'en sortir, car il y a des adoptions au fur et à mesure, mais à l’approche de l'été, il y a beaucoup moins d'adoptions, parce que les gens partent en vacances et ne veulent pas accueillir un animal avant leur départ" déplore Frédéric Vigneron, responsable du site, qui ajoute : "Les gens font tout et n'importe quoi, ils font faire des portées à leurs animaux pour de l'argent, les chiots et chatons ne sont ni pucés ni vaccinés et finissent chez nous”.
Une autre tendance que remarque Frédéric Vigneron est que "les gens préfèrent adopter de petits chiens et les grands chiens sont plus difficiles à placer". Les races telles que les Staffs et les Malinois sont particulièrement touchées par ces abandons massifs, souvent à cause d'une méconnaissance de la race et de la difficulté à les éduquer correctement. "Maintenant, les gens prennent un animal comme un consommable", déplore Frédéric.
Un travail de sensibilisation permanent
Même constat dans la Somme, pour la SPA de Poulainville, qui affiche également complet depuis mi-mai. La situation est critique tant pour les chiens que pour les chats, aggravée par un manque de conscience des propriétaires. "On fait de la sensibilisation depuis des années, il faut que les propriétaires comprennent qu'il faut stériliser son chat s'il sort", déplore Amélie Depoorter, responsable du refuge.
Les gens ne se rendent pas compte de l'investissement de temps et d'argent qu'un animal nécessite.
Amelie Depoorter, responsable de la SPA de Poulainville
Les NAC (nouveaux animaux de compagnie) connaissent aussi une augmentation des prises en charge, "c'est dû à des achats compulsifs en animalerie, sans réflexion préalable. Les gens ne se rendent pas compte de l'investissement de temps et d'argent qu'un animal nécessite". Lapins, cochons d'Inde, souris, hamsters, tous sont victimes de reproductions incontrôlées et d'abandons.
La SPA de Poulainville, qui héberge 162 animaux sur site et 32 en famille relais, ne dispose pas de fourrière, mais l'association accueille les animaux qui leur sont confiés après une quarantaine sanitaire. Les salariés et bénévoles doivent également faire face aux demandes d'abandons et aux sollicitations suite à des enquêtes pour maltraitance, ainsi qu'aux réquisitions judiciaires.
Appel à la générosité
"Il y a eu un ralentissement fin juin et début juillet avec les départs en vacances, mais depuis le retour des vacanciers, les adoptions ont repris. Nous avons passé la période la plus calme en termes d'adoptions", indique la responsable, qui en appelle à la générosité des donateurs.
Sur sa page Facebook, elle détaille les dons dont le refuge a besoin : litières, croquettes, fromage pour les traitements des animaux ou des saucisses pour l'éducation des chiens.
Sur son site internet, la société protectrice des animaux (SPA) indique qu'en 2023, les 64 refuges et maisons SPA ont accueilli 16 498 animaux abandonnés entre le 1er mai et le 31 août. Chaque été, les refuges sont régulièrement saturés, de plus en plus tôt.
Des initiatives pour désengorger les refuges
Pour tenter de désengorger les refuges, une journée porte-ouvertes sera organisée le 21 septembre au refuge de l'espoir de Saint-Quentin, le 5 et 6 octobre à la SPA de Poulainville. L'événement vise à encourager les adoptions et à sensibiliser le public à la situation critique des refuges. C'est l'occasion pour les familles de rencontrer les animaux et peut-être repartir avec leur futur compagnon de vie à quatre pattes.
À noter qu'il est désormais obligatoire de fournir un certificat d'engagement et de connaissance des besoins spécifiques de l'espèce, à compléter et à signer a minima sept jours avant toute adoption.