Le 29 septembre dernier, Mathilde Peresson s'est distinguée en se hissant sur la 3ᵉ marche du podium lors du championnat du monde d'urban plogging à Bergame en Italie. Cette pratique, de plus en plus en vogue, consiste à allier course à pied et ramassage des déchets laissés dans la nature.
Contraction de plocka upp ("ramasser" en suédois) et de jogging, le plogging consiste à conjuguer la course à pied avec le ramassage des déchets. Cette pratique vertueuse existe depuis plusieurs années. Elle est, hélas, de plus en plus à la mode comme le déplore Mathilde Peresson. "Cette discipline ne devrait pas exister. Si tout allait bien dans le monde, on ne ferait pas ça.", se désole la championne.
La Picarde a toujours été à la fois sensible à l'environnement et passionnée de sport. "J'aimais déjà courir seule et quand je le faisais, je constatais déjà tous les déchets qui se trouvent dans la nature. Je voulais sensibiliser les gens à tout ça. Je trouvais cela sympa d'allier les deux".
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L'athlète, qui vit près de Chaumont-en-Vexin dans l'Oise, s'est renseignée sur les réseaux sociaux en quête de groupes qui auraient les mêmes centres d'intérêt. C'est dans l'Isère qu'elle a trouvé son bonheur. "Avec l'association Ploggathon, trois ou quatre fois par an, on fait du plogging, chaque fois dans un nouveau lieu. Ce n'est pas tous les week-ends parce qu'il n'y a pas que du plogging. On peut aussi faire d'autres défis sportifs au service de la biodiversité. Par exemple, on va planter des arbres à chaque kilomètre parcouru".
Une préparation "comme pour un trail"
Mathilde n'est pas une professionnelle de la discipline. C'était son premier championnat. Bien qu'elle se soit préparée "comme pour un trail", la championne juge que cette victoire est aussi un coup de chance. "C'est un peu en fonction de ce que l'on trouve dans la nature. J'ai eu plus de chance qu'un autre de trouver plus de déchets polluants."
Pour avoir une chance de gagner, il faut déjà connaître les règles. Et elles sont nombreuses... C'est sur cela que misait la Picarde pour faire la différence. D'abord, les candidats ont six heures pour faire un maximum de kilomètres, mais ils doivent aussi ramasser un maximum de déchets. Ces derniers sont comptabilisés par points en fonction de leurs poids, mais aussi de leurs niveaux de pollution. Par exemple, une bouteille en verre rapportera plus de points qu'une canette puisqu'elle met plus de temps à se décomposer.
Des déchets malheureusement classiques. Mathilde en a ramassé de plus surprenants : "j'ai ramené un petit ballon d'eau chaude et puis, il y avait des pneus et vraiment de tout.", se remémore-t-elle. Grâce a eux, elle a obtenu 19 826 points.
Une source de motivation pour le public et les athlètes
Forte de cette victoire, Mathilde prévoit déjà de recommencer : "Je veux continuer à sensibiliser les gens à faire dans la région, refaire du plogging ici, et puis, l'année prochaine, je veux refaire un championnat du monde. C'est assez excitant de voir les gens nous soutenir alors qu'ils ne nous connaissent pas, qu'ils n'étaient pas dans l'association ni dans le championnat avec nous. En fait, ça sensibilise réellement les gens. Ils s'arrêtent, nous félicitent, ils nous voient faire des choses en tenue de sport et avec des sacs plastiques dans les mains quoi..."
La championne veut faire de cette parenthèse dédiée à l'écologie un mode de vie. Ce sont ces petites actions mises bout à bout qui l'ont convaincue d'entamer une reconversion professionnelle et de se lancer dans un projet de camping écoresponsable. "J'ai été responsable dans une grosse boîte et maintenant, j'ai envie de changer ma méthode de vie".
Cette victoire, elle la voit comme une récompense pour tous les efforts accomplis jusque-là : "cette médaille m'a fait beaucoup de bien parce que c'est vrai que comme je viens de quitter mon boulot, il n'y a pas longtemps, pour ce projet-là, ça m'a fait du bien d'avoir une petite victoire. Et puis, comme je fais du sport assez régulièrement, ça m'a remerciée d'avoir donné énormément à ce niveau-là aussi".
Au total, les 80 participants venus de 13 pays ont récupéré 1 300 kg de déchets abandonnés dont 66 % ont pu être recyclés par l’organisation.